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LA RURBANITE AUX AGUETS

 

Le paysage culturel demeure encore figé, égaré dans les abîmes du ponctuel et du provisoire. Ambivalence du discours politique et ambiguïtés des pratiques sociales. La texture rurale traverse toute la représentation culturelle. L'expression artistique est, elle-même, frappée d'anomie.

Aujourd'hui, avec la mondialisation des échanges médiatiques, on ne pourrait, en principe, ignorer l'importance de la question culturelle. Un peu partout, dans le monde, et surtout, dans les démocraties avancées, on tente de délimiter les contours d'un projet culturel clair afin d'éviter les risques de désintégration. Ces derniers temps, les nouvelles technologies font des progrès tels qu'il est aberrant d'évoquer la notion de frontière ou de nationalité. On est arrivé loin de ce "village planétaire" dont parlait Mc Luhan (que trop peu ont lu, soit dit en passant) et à cette culture de l'ordinaire, chère à Michel de Certeau qui conditionne les attitudes et les comportements des individus. On parle désormais de « puce » planétaire. Le monde devient extrêmement petit qu'il est possible d'en faire le tour en un très court laps de temps.     

     Cette nouvelle situation risquerait de faire voler en éclats les mythes nationaux, les fragiles Etats- Nations souvent bâtis autour de précaires équilibres  et met en branle de nouvelles configurations géographiques. Certes, des résistances demeurent. Paradoxalement, cette situation engendre de graves fissures ethniques et territoriales. Les revendications régionalistes accompagnent désormais l’édification de grands groupes multinationaux qui restent encore fortement marqués par l’empreinte de l’Histoire et les intérêts économiques et culturels des uns et des autres. La transnationalisation du monde réduit à l'extrême les voix culturelles nationales et installe une pensée unique, synonyme de la domination d'un pôle unique: la puissance de l'argent.

     Ce phénomène récent donne sérieusement à réfléchir à de nombreux décideurs dans le monde qui estiment que dans cette nouvelle géographie, il est nécessaire de se frayer une voie(x) et de protéger ce qui est à même d'être sauvegardé. C'est ainsi que réfléchissent des Etats et des chercheurs de nombreux pays qui, d'ailleurs, accordent une extrême importance à la représentation culturelle considérée comme une priorité nationale et qui désignent à la tête de ce secteur les têtes les plus intelligentes qui sauront confectionner un projet culturel clair et cohérent.

En Algérie, l'activité culturelle est considérée comme un espace en déshérence, un univers étrange, surtout ces dernières décennies, à tel point que la culture de l'import- import aidant, l'Algérie s'est transformée en un véritable sandwich géant. Bibliothèques fermées, les rares librairies qui restent sont vides, salles de cinéma encore en activité délabrées, université sinistrée, intellectuels en exil…Tous ces ingrédients donnent à voir un pays encore en quête d'une hypothétique identité nationale égarée dans les interstices de l'inintelligence muée en un véritable espace de pouvoir.

       La question culturelle ne taraude nullement l'esprit des responsables de l'appareil chargé de ce secteur qui ne proposent jamais une conception et une stratégie cohérentes permettant de mettre en œuvre une politique rationnelle à même de transformer cette amère réalité. Les choses se passent comme si on cherchait à éluder indéfiniment le problème. Cette manière de faire provoque toujours des conflits graves. Crises latentes. Emergence de véritables bombes à retardement. On se souvient des manifestations d'Alger et de Tizi Ouzou en 1980. La question identitaire et culturelle sous-tendait les événements et marquait les revendications. On cria alors à la récupération alors que tous ceux qui sont plus ou moins familiers de la sociologie culturelle et politique savent que derrière l'élément identitaire se greffent souvent des instances intermédiaires qu'on appelle tout simplement les espaces médiateurs. Les uns exigeaient la prise en charge de la culture berbère et les autres voulaient  une arabisation rapide et accélérée. L'exclusion était le vecteur essentiel du débat. Au coin de la revendication, la répression. La répression ne fait que différer les problèmes alors que le savoir et la connaissance contribuent à leur règlement. Il serait intéressant de voir comment se prennent les grandes décisions dans un pays comme l’Algérie et d'apprécier la place des hommes de science.

On ne s'était pas rendu compte à l'époque que pour désamorcer ce type de bombe qu'on traîne déjà depuis des siècles, il fallait libérer l'expression et valoriser les élites. Les valeurs fondatrices de l'être étaient parfois présentées comme dangereuses, sinon nocives. On n'osait même pas tenter d'esquisser une définition claire de la personnalité algérienne, entreprise perçue comme déstabilisatrice et dangereuse. Tous les textes officiels, du programme de Tripoli à la charte nationale seconde mouture, occultaient délibérément la question et proposaient des définitions extrêmement ambiguës, ce qui avait momentanément arrangé les différents tenants du pouvoir. L'absence de repères culturels sérieux ne pouvait que balancer le pays dans la violence et les émeutes. Ce qui advint en 1980, 1983, 1985, 1986 et 1988. La suite, on la vit toujours.

Il y eut, certes, vers les premières années de l'indépendance, les prémices d'un débat, timide, il faut le dire, mais les pesanteurs de l'Histoire récente et du confort politique et idéologique marqué souvent par des consensus de façade en ont décidé autrement. Les nombreux tabous hérités du mouvement national dictaient toujours leurs lois. La déroute du langage et les ambiguïtés du discours empêchaient la manifestation de toute initiative porteuse d'un projet culturel global et clair.

     Une lecture attentive de la presse et du discours politique des années soixante fournirait une certaine idée des tergiversations et des hésitations qui ont marqué cette époque et qui continuent, jusqu'à ce jour, à caractériser l'espace national trop sollicité par les silences pervers et les hypothèques paradoxales. Qu'est-il advenu des débats sur la culture, animés en 1963-1964 par des hommes comme Mohamed Boudia, Mustapha Kateb, Mostefa Lacheraf, Mourad Bourboune, Belhadj et bien d'autres? Toute plongée sérieuse dans la culture dérange et gêne les décideurs potentiels. Le savoir doit vivre dans la clandestinité. En 1964, Révolution Africaine, dirigé à l'époque par Mohamed Harbi, arrête brutalement un débat qui commençait à aller au fond des choses. Algérie-Actualité refait la même chose, avec moins d'élégance et d'intelligence en 1982 en censurant d'excellentes contributions sur les intellectuels et la culture nationale. Le point de départ fut donné par un entretien accordé par le sociologue Abdelkader Djeghloul à un excellent journaliste (de formation sociologique) de l'hebdomadaire, Mohamed Balhi. Epoques différentes, mêmes pratiques. Pendant ce temps, trop peu d'universitaires ou de cadres osaient écrire et   faire connaître leurs positions. Les uns et les autres se cachaient derrière une sorte de simulacre d'obligation de réserve. Des diplomates, d'anciens ministres se mettent à écrire aujourd'hui, une fois écartés des travées du pouvoir alors qu'ils pouvaient le faire bien avant au moment où des intellectuels étaient exilés, d'autres interdits de plume ou invités par le défunt Boumediene à quitter leur propre pays en cas de désaccord. Certains, même parmi ces nouveaux démocrates, avaient confectionné des listes de journalistes et d'intellectuels à bannir alors qu'ils pouvaient faire la pluie et le mauvais temps. D'autres comme Harbi, Bourboune, Boudjedra, Bennabi, Kateb et bien d'autres ont choisi d'écrire et de s'exprimer sans complaisance.

Aujourd'hui, tout le monde se met à écrire, d'anciens ambassadeurs et d'anciens ministres fraîchement  installés dans l'opposition, des journalistes du sérail transformés en farouches tirailleurs. Les choses changent de manière extrêmement rapide. Comme les modes. Il faut reconnaître que certains universitaires très sérieux et compétents collaborèrent avec des revues étrangères dans des numéros spéciaux consacrés à l'Algérie et rédigèrent des articles de grande facture qui font date. Ali el Kenz, Djillali Liabès, Said Chikhi, Lahouari Addi, Mohamed Harbi , Brahim Brahimi… fournirent des analyses critiques sur l'Algérie, même si parfois le parti-pris militant de certains d’entre eux prend le dessus sur l’aspect scientifique. Des journaux comme Révolution Africaine, La République, Algérie-Actualité et Echaab (du temps du supplément culturel dirigé par Tahar Ouettar dont l'équipe fut licenciée par le ministre de l'information et de la culture de l'époque au milieu des années soixante-dix, M.Ahmed Taleb El Ibrahimi qui amis fin également à la belle expérience de La République, quotidien dirigé pendant ce temps par Bachir Rezzoug). Chaque expérience connut en quelque sorte une fin tragique. L'histoire de toutes ces péripéties et de ces événements reste encore à écrire.

     Mais l'élément culturel le plus important reste la ruralisation intensive qui  a engendré de sérieux traumatismes sociaux et provoqué une urbanisation sauvage et désordonnée. Les différentes migrations internes ont été  à l'origine de l'émergence d'élites de texture rurale vivant de multiples  contradictions et charriant des discours extrêmement ambigus. On a affaire à une culture de type syncrétique paradoxale (dans le sens d’une d’unité désintégrée) qui s'expliquerait par l'adoption tardive et quelque peu anormale des formes de représentation occidentale. Ce qui provoque une sorte de désorganisation schizophrénique de l'esprit. Tantôt, on se réfère à la "modernité", sans en définir les contours, tantôt, on porte les oripeaux d'un conservatisme rural négateur de toute "modernité". Double attitude. Langage atrophié.

La rencontre avec la culture occidentale fut vécue comme une sorte de nécessité tragique d'autant plus que ce contact fut paradoxalement légitimé par les lettrés moyen- orientaux qui entretenaient une correspondance épistolaire régulière avec les Algériens et qui organisaient des tournées théâtrales en Algérie. Déjà, tout avait commencé par une sorte d'hypothèque originelle et une nécessaire appropriation du discours de l'Autre. Ainsi, les Algériens découvraient tragiquement l’altérité. Blessure du nom propre et césure tragique qui va encore élargir davantage le fossé entre les élites et la société profonde. Chez les lettrés de langue française et de langue arabe, l’aliénation est le lieu le mieux partagé. Dans les deux cas, une forte acculturation « occidentale » marquait le discours. Les uns et les autres ont été fortement marqués par les structures culturelles françaises. Fondamentalement et profondément francisées, les élites moyen-orientales, idéologiquement marquées, allaient transmettre ce discours aux lettrés maghrébins qui n’eurent pas le temps d’interroger ce savoir. Il faut ajouter à cela l’adoption consciente des structures européennes, à travers notamment l’enseignement et les recherches historiographiques dites modernes. Il serait intéressant de questionner les textes littéraires ou sociologiques (et dans les autres disciplines des sciences sociales) produits par les lettrés (en arabe) pour se rendre compte de l’extraordinaire impact du discours culturel français sur ces travaux. Les traces intertextuelles sont très fréquentes et investissent sérieusement le discours idéologique de ces textes. Les relations entre le Moyen-Orient et le Maghreb, souvent à sens unique,  ont toujours été fortes, permettant au Machreq de distiller la culture française acquise surtout après l’entreprise de francisation appelée communément « Nahda ». 

      La question de l'altérité est au centre de tout le débat culturel dans les pays anciennement colonisés. C'est à travers l'Autre qu'on façonne notre manière de faire et de construire les différents espaces de représentation. Nous avons, à travers la colonisation française et les relations entretenues avec le Machreq trop fasciné par le francophonisme et l'imitation servile des formes de représentation françaises et européennes, assimilé les valeurs occidentales. Ainsi, la question de l'emprunt traverse t-elle tous les débats sur la culture et la société nationale. Abdellah Laroui explique dans son ouvrage, L'idéologie arabe contemporaine, que les Arabes pensent toujours leur Histoire et leur vécu en fonction de l'Occident.

     Toute tentative de remise en question de la culture occidentale passe par le chemin de l'Occident auquel on emprunte les schémas conceptuels. Dans les moments de crise, on ressort le sempiternel discours de l'"invasion étrangère" sans interroger ou avoir les capacités de lire les réalités historiques faites de rencontres et d'emprunts continus. Ce syntagme, utilisé par tous les pouvoirs en place dans les pays anciennement colonisés, surtout dans des situations de crise, manière de rejeter tout apport scientifique, suggère l'existence d'une culture de musée, une impossibilité de prendre réellement en charge le présent. "Tout se passe, écrit Laroui, comme si l'Orient essayant de se comprendre se faisait archéologue et retrouvait les formes dépassées de la conscience". On cherche à rejeter toute allusion à la situation d’hétéroculture vécue par l’Algérie considérée comme négative.

     Penser le moi, c'est penser l'Autre, le rendre présent dans toutes nos activités, nos représentations. L'Occident parcourt le discours culturel qui prétend rejeter ce qu'on appelle communément la parole de l'Autre. La colonisation, évacuant toute possibilité d'expression nationale, fut à l'origine de la découverte de la représentation culturelle de  l'Occident et de l'altérité. Si, au début, les autochtones rejetèrent la culture de l'Autre, quelques décennies plus tard, sous la pression de la colonisation et des contacts avec les lettrés du machreq trop séduits par les formes culturelles européennes légitimant ainsi cette appropriation des formes culturelles françaises, ils furent obligés de l'admettre. Le rôle du Machreq dans l'adoption des espaces culturels européens est primordial.

     La société algérienne marquée par des pratiques claniques et tribales acceptait mal l'idée de se servir d'instruments provenant du monde colonial. Déjà, l'art figuratif était uniquement toléré. Le pourcentage minime de lettrés de langue française empêchait l'introduction d'arts et d'habitudes considérés comme nuisibles par la grande majorité de la population algérienne.

    Si l'école française  était presque fermée pour les Algériens, parfois rejetée par eux, une élite intellectuelle s'était, par contre constituée et avait cherché à assimiler cette culture étrange et étrangère, et, paradoxalement, contester, pour certains lettrés, le pouvoir colonial en utilisant ses propres armes. Ainsi, sur le plan politique, de grands bouleversements avaient eu lieu. La contestation allait devenir plus organisée. Des grèves, des mouvements violents affectaient l'Algérie. Des romans, des livres d'Histoire(de type "moderne, les ouvrages de Tewfik el Madani  et de Moubarak el Mili) étaient publiés par des Algériens. L'Etoile Nord-Africaine(ENA) voyait le jour en 1926 et articulait sa revendication autour de  l'indépendance nationale. Ainsi, les élites "francisées" allaient prendre la tête de tout le mouvement de contestation du régime colonial. C'est en quelque sorte l'histoire de Caliban et de Prospero dans la pièce de Shakespeare, La Tempête.

     Le début du siècle constitua un moment essentiel dans l'éveil culturel de l'Algérie. Le colonisé prenait conscience de la nécessité de se nourrir de la culture du colonisateur considéré comme élément fondamental de la "modernité". L'adoption des formes de représentation européennes obéissait à la nécessité de "posséder" une culture utilitaire, nourricière. Jamais, les Algériens n'eurent autant de mal à choisir une culture qui ne leur appartenait pas. L'autochtone avait déjà sa propre culture, souvent bloquée et fossilisée par une présence turque qui rendait toute action nationale impossible et ruinait toutes les possibilités de développement et d'évolution. Ce qui, d'ailleurs, amena le penseur Malek Bennabi à employer judicieusement la notion de "colonisabilité" de l'Algérie. L'Européen venait bouleverser l'état mental et la vie sociale de l'Algérien. Il était contesté, rejeté. Avant la colonisation française, la société algérienne n'était pas aussi parfaite qu'on le décrit souvent. Mostefa Lacheraf l'expliquait ainsi dans un article publié dans El Moudjahid du 16 janvier 1971:

     "Cette société paysanne, par la force des choses, l'inertie du conservatisme et le déclin des valeurs culturelles par rapport à l'ère classique de la civilisation arabe, de la spiritualité musulmane et de l'ancienne prospérité du Maghreb, avait tout naturellement sécrété des institutions plus ou moins carencées, des normes de vie, des concepts et idéaux se caractérisant en majeure partie par les traits d'une société féodale et d'une éthique soufie à la limite de l'orthodoxie"

     L'acculturation assumée, parfois revendiquée, affecta tous les courants culturels et politiques. La résistance des premières décennies disparut pour laisser la place à une adoption ambiguë et problématique de la culture occidentale. Le regard éclectique et étranger porté sur le corps du colonisateur correspondait à la montée du nationalisme. La culture était marquée par le nationalisme dont " la pensée embryonnaire et passionnée va la marquer dans le secteur par excellence de la marche en avant, de la lutte de plus en plus collective et par conséquent progressiste." (Mostafa Lacheraf, El moudjahid du 16 janvier 1971)

      Une culture embryonnaire marquée par les soubresauts politiques de l'époque et les emprunts de traits évidents d'une autre société, industrialisée et "moderne", soutenue par "un effort de survie biologique" commençait à voir le jour durant les années vingt, au fur et à mesure que s'épuisait et devenait caduc le patrimoine culturel jalousement préservé mais contenant sa propre sclérose.

La nécessité d'adopter certains phénomènes européens répondaient au désir de survivre  et d'assimiler la culture technicienne et industrielle considérée comme le paramètre fondamental du progrès. L'école, en principe obligatoire depuis 1883, permit, même si elle était très sélective, la formation d'une élite algérienne qui élabora ses premiers textes et travaux juste après la première guerre mondiale.

      La connaissance de l'évolution diachronique de cette culture peut informer le lecteur sur les différents conflits qui secouent aujourd'hui l’Algérie, et au delà de l'Algérie, une grande partie des sociétés anciennement colonisées. C'est à une expérience de type syncrétique paradoxale, essentiellement née de l’hypothèque originelle de l’adoption des formes européennes sans interrogation (avions-nous les moyens et le pouvoir de le faire durant la période coloniale ?)  et d’une découverte imposée de l’altérité que nous avons affaire. C’est une césure tragique. Une conscience malheureuse. Un  discours ambivalent, double juxtaposant deux univers et deux cultures antithétiques. Tout retour aux sources est lui aussi dramatique, c’est-à-dire reniant un présent, certes alambiqué, mais à vivre, contrairement à un passé déjà révolu. La question du temps ne cesse d’engendrer des situations inextricables. Le temps est souvent élastique, réduit au passé et au futur, accordant au mythe une extraordinaire place, excluant le présent, d’ailleurs souvent lieu de désillusion et de désenchantement. La rupture avec le présent, un temps en crise, favorise les différents espaces du passé paradoxalement dépouillé de sa valeur historique, donc citoyenne et investi d’oripeaux mythiques. Le futur antérieur enveloppe tous les discours officiels et marque profondément le discours social.

Ces dernières décennies, on continue à faire l'éloge du fonctionnement groupal en Kabylie de structures qui organiseraient, à la manière traditionnelle, la vie de certains villages et rejetteraient ainsi l'idée même d'Etat "moderne". Avec l’aval et l’assentiment des dirigeants de l’Etat. Ce substitut à la puissance étatique se permettrait même de sanctionner "les éventuels contrevenants" et à interdire "tout lien de mariage dans le territoire où ce code est applicable". Ainsi, l'Etat comme espace "moderne" commence à s'éroder sous la pression des événements et du non respect par les gouvernants de structures qu’ils sont censés protéger. Mais tout retour en arrière est désormais impossible. Il est, selon nous, trop peu probable de faire revivre des structures désormais marginales. Cet éloge suranné d’une authenticité biaisé n’est plus de mise.  D'ailleurs, cette situation arrangerait de nombreux décideurs qui ont intérêt à ce que le fonctionnement des structures étatiques soit opaque et correspondrait aux déterminations claniques, tribales et ethniques régissant la société profonde. Certes, des pratiques duales, associant des formes « modernes » et d’autres « traditionnelles » subsistent et constituent le  lieu central du discours officiel et social. Les pratiques rurbaines obéissent à une sorte d’entre-deux, à une ambivalence énonciative et discursive.

       La açabiyya dont parlait Ibn Khaldoun est une réalité vivante. Il n'est pas rare d'entendre des gens du « peuple », des journalistes ou des universitaires s'inquiéter de la non-application  de certains textes alors qu'une simple lecture de type sociologique aurait permis de savoir que dans les sociétés "rurales" comme l'Algérie, l'écrit n'est pas important. Les "procès" économiques des années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix ont montré que même la gestion économique obéissait aux règles de l'oralité. La naïveté serait  de croire que les médias publics assumeraient une fonction de service public dans des sociétés (rurales) qui considèrent l'Etat comme un bien privé, un espace personnel. La question qui devrait être posée: comment "décoloniser" l'Etat et recouvrer ainsi la citoyenneté ?

      Cette confusion entre Etat/Nation/Président et/ou gouvernement est sciemment entretenue dans les pays  sous-développés. L'Etat, tel qu'il a été légué en 1962 par le pouvoir colonial qui l'avait édifié à son profit contre la société algérienne fut occupé sans être interrogé ou adapté aux nécessités et aux besoins de l'Algérie. Les dépassements des organes publics  sont tout à fait normaux et obéissent à la logique qui procède de leurs fonctionnements et de la désignation de leurs responsables. Des commis  du gouvernement (et non de l'Etat) servent, et c'est tout à fait normal, ceux qui les ont désignés.

        La modernisation  par le haut, la ruralisation rampante et le blocage de la société par la brutale et violente colonisation française détruisirent certains paramètres culturels, instaurèrent des complexes inhibiteurs et favorisèrent la disparition de ressorts immunitaires.

     La rumeur et l'impersonnel (il, ils, eux, on) investissent le discours social et engendrent des situations paranoïaques. Même les discours officiels et médiatiques regorgent de ces adverbes et de ces pronoms impersonnels (certains, une certaine presse, on…)  qui tirereraient leur origine de la nuit coloniale et de la dure répression vécue pendant plus de cent-trente deux années par les Algériens. Cette imprécision et ce manque de rigueur souvent liée à la parole officielle font que les journaux du gouvernement, sa télévision et ses radios sont boudés au profit des titres privés, des radios et des télévisions étrangères  considérés comme plus crédibles. Un simple regard sur les ventes des quotidiens nous renseignerait sur le manque de crédit dont jouissent les journaux publics qui servent souvent d'espace de propagande, non d'information. Cette distinction faite par le(s) public(s) entre ces deux types de presse est très importante car elle nous renseigne sur son évolution et sur ses aptitudes à choisir et à décider. Il est regrettable que la sociologie du public ne soit pas très développée dans les pays du Maghreb, elle nous permettrait de comprendre et de cerner maints phénomènes.

    La ruralisation forcenée de la société et la question de l'altérité marquent toutes les interrogations sociologiques et altèrent toute sérieuse communication. Ainsi, les signes extérieurs ne trompent pas. Les ordures un peu partout dans la rue, le discours autoritariste, l'absence de savoir-vivre, le manque d'hygiène, la carence en matière artistique caractérisent les gros villages que sont devenues les villes investies par la guerre des clans juste après l'indépendance. Cette ruralisation intensive rend plus ou moins impossible, à court terme, tout changement positif et ruine peut-être à moyen terme l'avenir du pays.

     Juste après l'indépendance, la ville constituant le centre et le lieu primordial de tous les pouvoirs allait être le théâtre d'une incroyable violence à tel point que les habitants sortirent dans la rue de la capitale en scandant un slogan aujourd'hui légendaire" sept ans barakat". Les dégâts provoqués sont incommensurables. Déjà, Ibn Khaldoun avait insisté sur ce problème dans sa Mouqaddima. L'exode rural avait donné lieu à des situations cocasses et incroyables qui faisaient penser que la ville s'était transformée en un assemblage de villages. Il serait utile de lire les conclusions de travaux sur la SNS d'El Hadjar effectués par les sociologues Ali el Kenz et Djillali Liabès ainsi que l'ouvrage consacré à l'exode rural de Abdellatif Benachenhou. A Annaba, lors d'un de mes reportages en 1982, j’ai été frappé dans les bidonvilles qui ceinturaient El Hadjar par l'association quelque peu paradoxale du téléviseur et de la chékoua.

     Deux mondes se rencontrent, s'interpellent et s'entrecroisent sans pouvoir se mélanger. Dualité des attitudes. Ambivalence névrotique. Toutes ces choses sont considérées et vécues comme tout à fait normales et naturelles alors qu'elles charrient de multiples contradictions  et de profondes oppositions.

     L'esprit rural est tributaire d'un fatalisme outrancier et de comportements parfois peu compatibles avec l'espace urbain. Une lecture attentive du discours politique depuis le mouvement national jusqu'à ce jour nous permet de constater ces multiples allers-retours entre une "modernité" tactique et un conservatisme rural marqué par l'absence de perspectives claires et d'un projet globalisant fondé sur des analyses sociologiques et des études prospectives. Parfois, on passe de l'un à l'autre pour des raisons tactiques en fonction de "priorités" illusoires. L'Algérie a toujours été gérée comme une petite épicerie. Ce qui dénote ce côté rural des décideurs qui n'arrivent pas à voir loin. Tout se fait comme si le pays  était en voie de disparition. La loi sur l'arabisation "appliquée " dans la précipitation, le championnat de football réformé et mis en application dare-dare, etc.et bien d'autres décisions furent souvent mises en place sans une préalable préparation.

      Dans cet espace schizophrénique, le discours intellectuel ou culturel est assimilé à une sorte d'hérésie et à une intervention absurde dans une société anomique. La résistance au savoir et à la connaissance n'est pas uniquement due à l'intolérance des pouvoirs publics mais investit également les différents espaces sociaux. C'est ce que nous disait, il y-a une quinzaine d’années, l'écrivain marocain, Abdellatif Laabi qui estimait que chaque arabe était un tyran en puissance. Il faut pour s'en convaincre faire le tour de certains lieux culturels par excellence que constituent les cafés ou les polémiques des "politiques", sportifs ou hommes de culture qui considèrent qu'ils sont les seuls détenteurs de la vérité, de l'unique vérité. Le texte, espace fondamental de tout débat et de toute communication intellectuelle cède le pas à la parole. Tyrannie de la tradition orale.

      La ruralité traverse toute la représentation culturelle. La littérature, le théâtre et le cinéma, par exemple, transportent souvent le lecteur dans une opposition factice ville-campagne où la ville est décrite comme l'espace de la débauche et de l'hypocrisie et la campagne présentée vêtue des oripeaux de la pureté et de l'innocence. Cette négativité de l'espace urbain dissimule mal les craintes de la "modernité" et inaugure le protocole d'une lecture idéologique  qui  fournit une charge positive au discours féodal.

      Une lecture attentive de romans d'avant et d'après l'indépendance (génération dite de 52 par exemple) et certains films réalisés après 1962 donnent à voir cette propension vers une célébration exagérée d'un monde rural idéalisé à l'extrême. Ce discours conservateur et peu novateur parcourt également les films réalisés ces derniers temps en kabyle (La montagne de Baya, Machaho et La colline oubliée) et qui, dans un élan d'enthousiasme peut-être sincère, font apparaître la culture populaire comme un espace d'ouverture alors qu'elle porte souvent en elle les prémices d'une société "bloquée" et de mentalités parfois arriérées. Ce retour au monde rural n'est pas gratuit, il reflète l'échec d'une expérience sociale et économique. Ce thème se retrouve indistinctement dans les textes d'expression arabe ou française. La ville est souvent très peu décrite comme un espace libre, positif. Merzaq Bagtache s'inscrit dans cette optique d'une cité urbaine, certes, tentaculaire, mais néanmoins ouverte et généreuse; il se démarque ainsi de ce regard suicidaire porté sur une ville comme Constantine dans Ezilzel de Tahar Ouettar ou du Fils du pauvre de Feraoun qui reproduit les clichés et les stéréotypes  d'une campagne généreuse et pure opposée à une ville sauvage et inhumaine. Feraoun, Mammeri,  Doudou,  Ouettar, Benhaddouga et bien d'autres écrivains, dramaturges et cinéastes mettent ainsi en situation cette illusoire opposition entre la ville et la campagne. Certains hommes de théâtre comme Bachetarzi et Touri présentaient, eux, des campagnards naïfs plongés dans une ville intolérante peuplée de gens qui veulent profiter de la crédulité de ces paysans.

      L'expression artistique est, elle-même,  conditionnée par le discours social et politique. C'est dans ce contexte qu'évolue la représentation culturelle algérienne trop marquée par les multiples carences caractérisant la société algérienne et l'absence d'un sérieux travail d'exploration épistémologique et ontologique. L'algérianisation, appliquée   après les années 70, fut  à l'origine de nombreux malentendus au niveau de l'université qui, après le départ des professeurs étrangers, fut dirigée par des assistants titulaires d'une licence, assurant parfois des modules qu'ils eurent parfois du mal à acquérir durant leur cursus universitaire. Un regard sur la situation des différentes disciplines artistiques nous donne une certaine idée du marasme ambiant; la représentation culturelle prend en quelque sorte le chemin de la clandestinité. En parler, c'est parfois s'exposer aux sarcasmes des uns et des autres comme si le  pluralisme signifiait tout simplement absence de débats d'idées et exclusion de toute manifestation artistique ou intellectuelle.

     Les intellectuels, tout en les marginalisant, on veut faire d'eux des soldats de quelque cause perdue d'avance. Héritage absurde d'une culture rurale qui confond Etat et individu comme si le président ou quelque ministre était l'Etat ou la nation ou les deux à la fois. En Algérie, on voit les complots partout comme si des effluves paranoïaques enveloppaient journalistes et politiques. Cette propension au « complot » et au goût du secret est peut-être issue des pratiques du mouvement national. Elle s’expliquerait peut-être par le déficit sur le plan de l’Histoire en autonomie. Longtemps lieu de conquêtes et d’invasions, l’Algérie devint une terre où la méfiance allait constituer un élément nodal de sa formation.

     Une balade dans l'univers médiatique d'après 1988 montre clairement le peu d'intérêt porté à la chose culturelle considérée comme trop peu rentable. Les journaux ouvrent presque exclusivement leurs pages aux rumeurs de la politique. Les pages culturelles, quand elles existent, sont extraordinairement pauvres. Les gouvernements successifs n'accordèrent aucun intérêt à ce secteur qui est, dans d'autres pays, stratégique et dirigé par des hommes très cultivés et influents. Ce qui n'est pas le cas en Algérie. Jusqu'à présent, mises à part les "coupures" de ruban traditionnelles et quelques petites soirées, rien n'a été fait sauf la dissolution des entreprises cinématographiques sans leur trouver des espaces de substitution et la clochardisation de tous les lieux culturels (théâtres, bibliothèques…).

     Une nouvelle mode commence à triturer les esprits des décideurs au niveau culturel ignorant la fonction de service public de la production. Ce n'est pas en changeant seulement les hommes (souvent marqués par le clientélisme et le népotisme) ou en évoquant d'illusoires"assises"(alors qu'on est mal assis, faut-il importer des canapés?) ou les absurdes notions de "commercialité"(ou d'économie de marché) qu'on règle les problèmes de la culture. Encore une fois, l'absence d'une stratégie et d'un projet culturels, absents depuis l'indépendance, est sérieusement préjudiciable au fonctionnement des institutions nationales.  Les textes officiels ont toujours considéré les entreprises culturelles comme des EPIC(entreprises à caractère industriel et commercial), c'est-à-dire fonctionnant comme de grosses structures comme Sonatrach par exemple.

    Le département ministériel connut de perpétuels changements sans une quelconque efficacité pratique depuis sa "libération" du ministère de l'éducation nationale. Le personnel pléthorique du Ministère et de certaines structures culturelles, souvent sans attribution précise, permet de nombreuses interrogations. Une fois, on associe la culture à l'information, une autre fois, on la "marie" avec le tourisme, on crée un secrétariat d'Etat aux arts populaires, on institue un conseil national de la culture, puis on revient à la communication et on ouvre un secrétariat d'Etat et on annonce la création d'un office national de la culture. Tous ces transferts de prérogatives influent négativement sur le fonctionnement normal des établissements culturels obéissant encore à un schéma traditionnel d'organisation et à une gestion archaïques. Les hommes qui dirigent les différentes sphères culturelles, sont, dans la plupart des cas, désignés en fonction de critères claniques, clientélistes…

      Les structures culturelles à l'étranger sont d'une pauvreté affligeante. Le centre culturel algérien à Paris, en principe la vitrine de l'Algérie en France, est dans un état anomique. Les nominations à ce type de postes obéissent le plus souvent à  des critères occultes ou plutôt clairs (régionalisme, clientélisme, népotisme…). La politique des quotas caractérise les nominations dans les institutions culturelles algériennes à l’étranger.

     Si les média et les hommes politiques cultivent une sorte d'étrangeté par rapport au phénomène culturel, les universitaires, eux aussi, n'ont pas sérieusement analysé cette réalité, à l'exception d'une poignée d'enseignants-chercheurs comme Ali el Kenz, Najet Khadda, Wadi Bouzar, Mourad Yellès, Christiane Achour et quelques autres.

Les séminaires et les colloques, organisés, manquent le plus souvent de sérieux. Comme d’ailleurs, les rares revues éditées dans les différents espaces de l’enseignement supérieur. Comment peut-on parler d'université, alors que le nombre de chercheurs effectifs ne dépasserait pas la centaine. L'Algérie est à la traîne des universités arabes.

L'universitaire et l'"intellectuel"(notion dont il reste à définir les contours) sont restés prisonniers d'un rapport maladif au pouvoir politique qui se conjugue tantôt à la répulsion, tantôt à l'attraction. Ce qui réduit sa marge de manœuvre. Ce qui pose également la question, toujours d'actualité, de l'autonomie de l'intellectuel qui vit l'assujettissement ou la contestation comme illustration ou opposition au discours officiel et jouant en fin de compte sur le terrain du pouvoir politique qui fournit ainsi les éléments de la discussion et piège les différents locuteurs et oriente leurs discours. Les chercheurs en sciences sociales focalisent le plus souvent leurs analyses autour du fonctionnement des appareils, des enjeux idéologiques et des espaces politiques et occultent les mouvements sociaux et culturels. Ce n'est pas un hasard si les rares universitaires-chercheurs ne réussissent pas à cerner les différentes secousses qui agitent la société. Il y a également la question des références qui font du locuteur le producteur privilégié de la parole citée.  On"plaque" souvent des grilles sans tenter de les interpréter et de les interroger alors que les sociétés fonctionnent de manière autonome et complexe, comportant un certain nombre de particularités. Les questions épistémologiques sont d'une actualité brûlante. N'est-il pas temps de définir les termes utilisés et de ne pas reproduire mécaniquement des réalités et des notions considérées comme évidentes mais qui ne peuvent l'être sans une sérieuse interrogation; l'évidence n'est pas si évidente que ça. Souvent, journalistes, universitaires et politiques usent et abusent de mots et de syntagmes qu'ils ne maîtrisent nullement  tel ce petit cafouillage autour de "société civile", chacun se revendiquant de cette société civile sans qu'on ait interrogé ce groupe de mots ou tenté de cerner ses contours. Quelle est la frontière qui séparerait par exemple société civile et société politique ? La question de la frontière théorique et des  territoires épistémologiques est très importante.

      On ne peut comprendre la situation de la production culturelle de ces dernières années sans une connaissance des secousses qui ont caractérisé le champ social et des nouvelles réalités économiques qui ont marqué le pays. Le champ culturel rétrécit dangereusement et se conjugue désormais au futur antérieur, aux dissolutions et aux manifestations ponctuelles (le millénaire d’Alger, Année de l’Algérie en France, Alger, capitale de la culture arabe, festivals à répétition, sans objectifs clairs) mobilisant une rente à distribuer. Les entreprises du livre (entreprise nationale du livre) et du cinéma (caaic,anaf et enpa) sont dissoutes sans aucun espace de substitution.  Les librairies et les bibliothèques disparaissent de l'espace social. Les éditeurs privés ne semblent pas bien outillés pour se lancer dans une véritable aventure intellectuelle qui favoriserait l'intelligence  et le professionnalisme; c'est plus sérieux de se faire éditer chez un bon éditeur étranger. Certes, quelques petits éditeurs arrivent à émerger. Le paysage éditorial est très maigre; la littérature est le parent pauvre de l'édition. L'Histoire et la politique sont les genres les plus prisés. Les librairies, faute de livres, se transforment le plus souvent en papeteries et en pizzerias. La bibliothèque nationale et les bibliothèques universitaires ne semblent pas prêtes à engranger un travail de mémoire, de conservation et de mise en boite des livres. Le siège de l'office des publications universitaires d’Annaba a été cédé à la CNEP. Le cinéma ne tourne plus, des cinéastes algériens tournent des films qui portent, et c'est tout à fait normal, la nationalité du producteur étranger. Les galeries d'art ne répondent plus. Le théâtre connaît la crise la plus dure depuis l'indépendance.

     Octobre  a paradoxalement paralysé la production artistique et favorisé la culture culinaire et du business (biznes).

      Perversion de l'Histoire, la représentation culturelle s'efface devant le discours politique paradoxalement négateur du savoir et de la pratique culturelle. Les simulacres démocratiques  restreignent mortellement le champ culturel. L'aphasie est le chemin emprunté par le politique.

Les premières actions après l’indépendance : L'indépendance acquise, les Algériens pensaient alors construire leur pays dans l'extase et la quiétude. Certes, certaines ombres marquaient la culture de l'ordinaire, d'autant plus que la lutte des clans empruntait le sentier le plus douloureux et le plus sanglant: la mort. Mais chacun pensait que la sagesse devrait l'emporter. Les intellectuels se retrouvaient dans une situation impossible. Que faire? Telle était la question- clé qui revenait dans les discours des uns et des autres. L'impuissance rendait le discours non opératoire et marqué par les scories de l'inefficience. Les choses se rétablirent vite mais les césures ne pouvaient aucunement disparaître. Les blessures, restées béantes, allaient affecter le corps social.

       Le pouvoir issu d'une certaine forme de compromis instable, piégé par son propre enthousiasme et enfermé dans ses multiples contradictions, ouvrait le débat sur les questions culturelles. Plusieurs textes ont été publiés dans la presse. Les rédacteurs insistaient souvent sur le "caractère nécessairement socialiste" de la représentation culturelle algérienne. Mais cela n'avait nullement empêché l'apparition d'un discours culturel et idéologique parallèle. A la volonté d'ouverture de nombreux intellectuels nourris essentiellement de culture européenne s'opposait une aile conservatrice qui ne jurait que par "le retour aux sources" et "l'authenticité", thèmes récurrents de la littérature panarabiste.

     Les tendances constitutives du FLN manifestaient leur présence par un biais ou un autre. L'intervention des intellectuels semblait vouloir prendre en considération les différents discours représentatifs des courants politiques de l'époque. C'était l'ère de l'ambiguïté et des passions souvent mal entretenues. Le vocabulaire "révolutionnaire" marquait tous les textes sur la représentation culturelle.

      Les tenants de la "tradition" et les "modernistes" souvent recrutés dans l'univers de gauche, défendaient leurs thèses dans les journaux. Déjà, cette opposition se reflétait à quelques nuances, dans la rédaction d'El Moudjahid en arabe et en français (d'avant l'indépendance). Une attentive lecture des deux éditions de l'organe du FLN de la révolution nous permettrait de comprendre cette réalité et cet antagonisme latents dans ces publications.  Paradoxalement, les deux groupes revendiquaient leur appartenance à l'idéologie socialiste. Des syntagmes aussi ambigus que le "socialisme arabe", le "socialisme islamique", le "socialisme algérien",etc… revenaient sans cesse dans le discours politique de l'époque. L'ancien président, Ahmed Ben Bella utilisait l'un et l'autre sans distinction. La démagogie avait pignon sur rue. Dans les textes officiels (Programme de Tripoli, 1962 et Charte d'Alger, 1964), l'ambigüité était de mise. C'est vrai que les thèses de ce qu'on avait appelé, à tort ou à raison,  "la gauche"du FLN qu'on identifiait souvent à certains hommes(Zahouane, Harbi, Zamoum, Mazouzi, Zerdani, Bouaziz, Louanchi, Bourboune, Boudia…) étaient dominantes mais cela ne veut nullement dire que la clarté était le point fort de ces plateformes, souvent lieux de compromis. Mais qui se souciait de cette littérature dans une société à tradition orale? Les vrais décideurs laissaient faire d'autant plus qu'en Algérie, comme dans tous les pays arabes, l'oralité était l'espace privilégié du pouvoir. Ils concoctaient plans, manœuvres et contre-manœuvres. Les Ouléma dirigés par Bachir el Ibrahimi n'étaient pas inactifs. Ils s'attaquaient sans cesse à ces "irresponsables" qui voulaient mettre en œuvre l'autogestion. Arabisation et renaissance de l'Islam, tels sont les thèmes récurrents dans les textes officiels qui insistAIent sur le caractère "scientifique, national et révolutionnaire" du traitement de ces deux éléments vitaux de la vie culturelle algérienne.

     Le choix "socialiste", ambigu, marquait et orientait la pratique culturelle. Tous les intellectuels faisaient souvent mention de cette option idéologique dans leurs écrits. C'était d'ailleurs la mode du moment. L'Afrique, avec Nkrumah et Nasser découvraient ce terme. Le terme "nouveau" inondait également la littérature politique de la période d'après l'indépendance. Un psychiatre, Khaled Benmiloud, écrivait dans l'hebdomadaire "Révolution Africaine" un article dans lequel il, utilisait abondamment ce qualificatif:

       "Le colonisé n'est déjà plus un colonisé, le maquisard est un homme libre, et la transformation de la mentalité va aller de pair avec les progrès de la libération nationale. Il s'agit d'un grand bouleversement social d'abord. L'ordre établi est entièrement remis en question. La société qui a établi cet ordre est déjà en sursis; elle va disparaître. Une société nouvelle avec un ordre nouveau va lui succéder".

     Cet abusif emploi de cet adjectif se retrouve dans la plupart des textes et des discours des dirigeants politiques. Mostefa Lacheraf s'insurgeait contre l'usage de ce mot. Il écrivait ceci dans son ouvrage, "Algérie, Nation et Société":

       "Où sont donc ces "hommes nouveaux" dont il est tant question? Depuis plus de 130 ans, l'Algérie a vécu trois événements majeurs par rapport auxquels tout algérien majeur est contraint de se situer, et qui ont ainsi contribué à déterminer, dans une large mesure, son engagement, ses démarches de pensée et ses actes; il s'agit du colonialisme, du nationalisme(et de l'action politique progressiste) et de la guerre de libération nationale.(…) Or, la plupart des hommes auxquels on prétend, au contraire ce vocable, se définissent par opposition au G.P.R.A., qui les aurait tenus à l'écart, voire persécutés, alors que bon nombre d'entre eux furent des ennemis avérés du nationalisme des mouvements progressistes et des masses populaires; puis des détracteurs de la lutte armée, qu'après avoir agi, souvent, contre la révolution elle-même, ils se sont retrouvés blanchis pour avoir opportunément fait état de leur hostilité à l'égard d'un organisme au nom discrédité."

     Une bataille politique et idéologique rangée opposait différentes tendances du mouvement nationaliste. Des scissions graves et des divisions caractérisaient le pouvoir issu du FLN- ALN. Les années 62-63 connurent des moments pénibles. La zone autonome d'Alger fut décapitée. En Kabylie, Ait Ahmed prit le maquis pour s'opposer au président Ahmed Ben Bella. Tout était confus. Les règlements de comptes se succédaient aux règlements de comptes. L'enthousiasme des uns côtoyait les calculs mesquins des autres. Les intellectuels, à l'époque, tentaient, par tous les moyens, de calmer les esprits. Ils ne savaient pas qu'ils étaient hors-jeu et que tout se décidait ailleurs. Mohamed Harbi expliquait dans un entretien accordé au sociologue Sami Nair dans "Les Temps Modernes"(Juillet- Août 1982) les amères désillusions de ces intellectuels, impuissants et réalisant que le vrai pouvoir se négociait dans les arcanes des clans et de la puissante armée dirigée par le ministre de la défense, le colonel Houari Boumediene (et le fameux clan de l'EMG).

     Le coup d'Etat du 19 juin 1965 démontrait la faiblesse de l'élite intellectuelle. Le pouvoir ne lui appartenait pas. Elle faisait fonction de simple faire-valoir. Etre à la tête des média et des appareils culturels n'était nullement une garantie pour influer sur le cours des choses. Tout se décidait ailleurs, dans des cercles restreints. Le clanisme était déjà une tradition.

     L'anarchie de l'après -indépendance ne pouvait pas permettre la mise en œuvre d'un discours culturel cohérent, autonome. Certes, des décisions portant sur la prise en charge des institutions culturelles, avaient été prises par le pouvoir, mais leur portée était très limitée. Le seul secteur, bien pris en main, l'enseignement souffrait dramatiquement de l'absence d'encadrement. Le recrutement d'enseignants égyptiens, souvent médiocres, compliquait davantage les choses.

     Le balancement de la société entre la "modernité" et la "tradition" provoquait de nombreuses contradictions et engendraient d'inextricables malentendus. Ni le pouvoir, ni les intellectuels n'avaient les moyens d'atténuer les tensions perceptibles dans la société algérienne. La volonté de changer les choses dans le sens de la "modernité" se heurtait à la peur d'adopter des conduites et des attitudes "importées", "cosmopolites", thèmes revenant souvent sans cesse dans le discours de certains lettrés qui exprimaient l'opinion d'une bonne partie du pouvoir.

Productions artistiques et structures : Durant les années 1962-65, les nouveaux dirigeants commençaient à mettre sur pied des institutions culturelles susceptibles de diffuser leur discours idéologique. Plusieurs entreprises avaient été nationalisées. L'Etat prenait le contrôle des salles de cinéma, de la télévision, des théâtres et d'une partie des maisons d'édition. En 1964, un organisme de cinéma, l'Office des Actualités algériennes (O.A.A.) fut créé. Ce qui est peut-être à relever, c'est le fait qu'en 1962 a été créée la première société privée de production et de distribution cinématographique, "Casbah films". Les salles de spectacles, il y en avait plus de quatre cents (il en reste aujourd'hui, à peine une vingtaine, dans un lamentable état), avaient été prises en charge par les communes. Le C.N.C (centre national du cinéma) ainsi qu'une école de formation, l'INC (Institut National du Cinéma) avaient vu le jour en 1964 La cinémathèque algérienne, fleuron du cinéma en Algérie, était née également en 64. Le CNC et l'INC allaient être dissous en 1967. Décidément, les dissolutions n'arrêtent pas de hanter l'industrie et la production du cinéma en Algérie.

      La production était surtout dominée par la réalisation de films sur la guerre de libération nationale. Lakhdar Hamina, Ahmed Rachedi et Mustapha Badie réalisèrent des longs métrages mettant en scène la lutte des moudjahidine et le combat du peuple algérien. Mais souvent, ces films se caractérisaient par un manichéisme très naïf et un regard mécaniste et réducteur sur cette tranche de notre Histoire. Le film qui, en quelque sorte, sortait de cette tendance facile à réduire cette période à des scènes de guerre, avait été sans nul doute "Le Vent des Aurès" de Mohamed Lakhdar Hamina.

     Cette période a été surtout marquée par une politique de co-production, encouragée essentiellement par l'ancien directeur de l'Office des Actualités Algériennes (O.A.A.), Hamina. "La Bataille d'Alger" de Gillo Pontécorvo (1965), lion d'or au Festival de Venise, a été très bien accueilli en Algérie et à l'étranger. Cependant, le traitement de l'histoire a enlevé toute sa force au film, très réussi sur le plan technique. Film à grand spectacle caricaturant à l'extrême les personnages et les événements, La Bataille d'Alger reste, malgré ses écueils, un document valable sur la guérilla en zone urbaine.

     Le travail cinématographique a toujours souffert  de l'absence d'une option claire déterminant ses objectifs, sa nature et sa démarche. L'essentiel était de réaliser des films sans se soucier des instruments juridiques et législatifs. Dans un article publié dans la revue "Cinéma 72", le premier directeur de l'ONCIC Office National du Commerce et de l'Industrie Cinématographique) s'exprimait ainsi:

       "Au lendemain de l'indépendance, nous n'avions que des moyens de fortune, très limités, peu de techniciens, aucun centre de formation professionnelle, il fallait tout faire - avant tout, au niveau de l'information- avec rien. Nous avons commis quelques erreurs, il  y- a quelques flottements dans la mise en place des structures administratives, dans la coordination des moyens, et en fin de compte pa très graves puisque nous avons réussi à dominer ces difficultés et à mettre en place un système qui est, je crois, cohérent et efficace."

      Il se trouve qu'aujourd'hui, les mêmes problèmes sont encore d'actualité sauf que les choses se sont aggravées, les structures matérielles (salles de cinéma, théâtres, galeries d'art) se sont dégradées et ont tragiquement décru. Trop peu de choses ont positivement changé. Comme d'ailleurs, le monde de l'édition qui vit actuellement une situation cacophonique et peu reluisante. C’est en 1964 que les éditions nationales ont été inaugurées par les autorités de l'époque. Deux années après, la S.N.E.D.(Société Nationale d'Edition et de Diffusion) a été créée. La production éditoriale, trop réduite et pauvre, ne satisfaisait nullement les besoins du public. Il faut ajouter à tout cela  le problème de la presse et de la production littéraire qui rencontre l'épineuse question de la liberté d'expression . Jean Déjeux écrivait ceci :

   « La marge est souvent réduite. Certains ont peur de la critique, ne voyant en elle que l'"œil de l'extérieur". (…) En fait, tout se passe comme s'il fallait redire sans cesse les mêmes choses, les mêmes chansons aux couplets nombreux, chanter les mêmes héros chaque année, et encore comme si l'on se trouvait devant les mêmes recommencements et les mêmes arabesques sans créations véritables, innombrables problèmes de la censure et de l'absence de la liberté d'expression. »

     Ce jugement est certes très sévère mais permet de mettre en lumière certaines excroissances qui freinaient toute possibilité d'expression. Pendant cette période, existaient des artistes qui travaillaient et produisaient d'excellentes choses en dehors des circuits officiels. Des peintres de talent comme Khadda , Samson, Racim,Temmam, Issiakhem et bien d'autres animaient la vie algéroise et proposaient un travail autonome. Jean Sénac fonda avec Mohamed Khadda la galerie 54 qui exposa en 1964-65 les œuvres de Denis Martinez, Aksouh, Baya et d'autres artistes. Des chanteurs et des musiciens continuaient à faire leur métier sans chercher à se soumettre aux désidératas du pouvoir. De nombreux pans de la société étaient rebelles à ce jdanovisme sans un Jdanov digne de ce nom.

      La médiocrité de la grande partie des textes publiés en Algérie s'expliquerait par l'effroyable censure qui condamnait au "suicide" de nombreux écrivains. L'Union des Ecrivains Algériens, créée le 28 octobre 1963,grâce à des hommes comme Jean Sénac, Mouloud Mammeri  et Malek Haddad ne pouvait régler la question de la censure et de la liberté des écrivains. Il y eut des pétitions, des réunions mais rien de concret ne fut réalisé.

      La presse était plus ou moins active. Quelques titres s'imposaient sur la scène algéroise. "Le Peuple" était en quelque sorte le porte-parole du gouvernement, ses textes manquaient souvent de force et étaient mal construits sur le plan technique. C'est un petit peu le manque de maîtrise linguistique et technique qu'on trouve encore dans de nombreux écrits de la presse d'aujourd'hui. Il avait d'autres journaux sur place comme El Moudjahid, en arabe, pas celui du 20, rue de la liberté, créé après le coup d'état de 65, suite à une fusion qui devait avoir lieu entre "Alger -Républicain" et "Le Peuple"mais les conditions politiques de l'époque ont permis une sorte de passage du "Peuple à "El Moudjahid". L'hebdomadaire "Révolution Africaine" dirigé par Mohamed Harbi lançait des débats et ouvrait ses colonnes à différentes obédiences. Le journal était réellement de bonne tenue. Le débat sur la culture de 1963-64 restera dans les annales de la presse en Algérie. Tout avait commencé par la reproduction d'un entretien de Lacheraf (accordé à la revue "Les Temps Modernes") dans "Révolution Africaine". L'écrivain Mourad Bourboune, alors président de la Commission culturelle du FLN que Lacheraf avait alors traité de "petit Jdanov", répondait violemment à celui qui, selon ses propos, vivait dans un "exil doré"à Paris. D'autres textes de ces deux écrivains, de Bachir Hadj Ali, de Khaled Benmiloud, de Benhadj …La  présidence avait, à l'époque, mis un terme à un débat qui commençait à aller au fond des choses et à poser les vrais problèmes. Ben Bella ne supportait pas ce type de discussions. Quelque temps après, Harbi a été remplacé. Ironie de l'Histoire, Bourboune qui parlait d'"exil doré" à propos de Lacheraf allait emprunter, lui aussi, le chemin de l'exil après 1965. Même destination: Paris. Il publia en 1968 un excellent roman, "Le Muezzin" puis arrêta d'écrire et fit quelques apparitions intermittentes dans la presse en France et même en Algérie vers le milieu des années 80. Il eut une extraordinaire revue culturelle "Novembre" dirigée par Mohamed Boudia qui publia des textes des grands intellectuels algériens du moment. Mais son expérience de "Alger, ce soir"ne dura pas longtemps. Bachir Boumaza lui asséna un coup de massue. Boudia ne désarma pas, il créa une revue culturelle de grande facture ouverte à tous les intellectuels, "Novembre".

C'est dans ce contexte caractérisé par un grand élan d'enthousiasme et de profondes ambigüités qu'ont été prises les premières décisions relatives à l'art dramatique. Durant les premières années de l'indépendance, la grande question alimentant tous les débats était de savoir quel théâtre faire dans un pays comme l'Algérie. Mohamed Boudia lançait l'idée du "théâtre populaire", syntagme non défini et très ambigu. Les hommes de théâtre réclamaient l'établissement d'un "nouveau théâtre ouvert aux préoccupations du peuple". Ce discours abstrait reflétait la mentalité d'une partie de l'élite intellectuelle de l'époque obnubilée par l'emploi d'un langage "révolutionnaire". Le peuple était présent dans toutes les déclarations mais dans les faits, il n'était même pas convié aux strapontins de salles de spectacles encore en porte à faux avec la réalité des algériens. L'important n'était-il pas tout simplement de monter des spectacles. Le 6janvier 1963, l'Etat prenait la décision de nationaliser l'Opéra d'Alger (800 Places) et les autres théâtres situés dans les autres grandes villes.

    " TITRE 1: Dispositions de caractère général

    Article 1er:Le théâtre algérien est un service public national(…)

TITRE III: Du centre national du Théâtre algérien

      Article 4: Il est créé un centre national du théâtre algérien(…)

     Article 5: Ce centre a pour objet de définir l'orientation du théâtre, sa propagation au sein des masses et en particulier, il a pour mission de favoriser son développement pour un travail de prospection, d'études et de sélection des œuvres théâtrales".

      Ces extraits tirés du décret de janvier 1963 mettent en lumière les ambitions des dirigeants du théâtre. Trop peu de choses ont été réalisées. Le centre national dont il est question n'a jamais vu le jour. Le volontarisme de Mohamed Boudia et de Mustapha Kateb n'a pas résisté au désintérêt qu'affichaient les autorités publiques pour la question culturelle. En 1962, ces deux hommes de culture ont rédigé un document réclamant la « nationalisation » des théâtres: De l'orientation. Les nées 1963-65 ont vu l'adaptation d'un certain nombre de pièces. Des textes d'auteurs étrangers ont été joués. Des dramaturges algériens ont écrit pour la scène. Cette période a été, malgré toutes les pressions et les pesanteurs du moment, riche en matière théâtrale. De 1963 à 1965, 982  représentations ont été données devant 44.1190 spectateurs. Dix huit pièces ont été jouées au TNA à Alger. Mustapha Kateb a ouvert l'école d'art dramatique et chorégraphique en 1964 d'ailleurs fermée en 1973 par le ministre de l'information et de la culture.

      La représentation culturelle a connu des moments d'enthousiasme et de sincérité vite émoussés par le coup d'Etat du 19 juin 1965 qui a freiné pendant une relative longue période la production culture. Ce fut la première césure dans  le mouvement culturel national.

 

                                                              Ahmed CHENIKI


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