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Egypte-Algérie : la triste ballade des faux frères

Par Ahmed CHENIKI

Décidément, le comique le dispute à l’absurde. Les responsables du salon du livre d’Alger décident de ne plus inviter les auteurs égyptiens, les confondant tout simplement avec les gouvernants. De l’autre côté, les autorités égyptiennes exigent des journalistes algériens pour l’obtention du visa d’entrée  un CV, le calendrier des rendez-vous et bien autres choses. Dans les deux cas, nous sommes en présence de pratiques totalitaires, marquées du sceau de l’inintelligence et de l’ineffable. Cela nous fait penser au fameux boycott des produits audiovisuels égyptiens, du temps de Sadate, après les accords de Camp David.

Tout a commencé après un match de foot, il y eut une mobilisation générale des deux côtés. Puis, tout d’un coup, tout ce qui est Egyptien, est honni à Alger, et tout ce qui est Algérien est carrément lynché. C’est une guerre larvée qui ne dit pas son nom que même le déplacement de Moubarak à Alger n’a pu régler. Subitement, on commence à sortir des « vérités » sur les « bassesses » des Egyptiens durant la guerre de libération, la guerre des 6 jours et celle de 1973. Au Caire, on n’arrête pas de gueuler à qui veut bien les entendre que la révolution algérienne était téléguidée d’Egypte et que les Algériens sont de petits froussards. Les « frères » d’hier ne le sont plus désormais. Alors que quelques jours avant cet événement, ici et là-bas, on se gargarisait encore de ce sobriquet peu amène, de « frère », mêlé à toutes les sauces du panarabisme en quête d’un triomphe toujours virtuel. Au ministère de la culture d’Alger, on décide, après avoir rendu des hommages sans fin, à des artistes connus, peu connus et non connus du pays des Pharaons, de renier les trophées. Donc, les hommages fonctionnaient au donnant-donnant, sans lien avec la qualité du travail produit. Nous le savions déjà. Même lors de la foire du livre du Caire, la même chose s’était produite, par rapport aux éditeurs algériens.

Dans les deux cas de figure, à Alger et au Caire, on tente de faire des « intellectuels », des artistes et des écrivains, des espaces officiels, prompts à être mobilisés à toute fin politique ou militaire, comme des soldats. Alors que l’art et la culture devraient être les lieux, par excellence de la liberté. Est-il normal qu’on continue, ici et là, à confondre littérature et fonds de commerce sportif ? Que se cachent réellement derrière ces anicroches algéro-égyptiennes ? Les artistes et les intellectuels, les vrais, devraient ne pas tomber dans ces petitesses des spécialistes de l’exclusion et de l’anathème, expression de l’absence d’une réelle liberté d’expression dans nos pays. Non, des écrivains comme El Ghittany ou Son’Allah Ibrahim, Assia Djebar, Kateb Yacine, Dib et Naguib Mahfouz sont au dessus de ces chamailleries, eux qui sont dont les textes sont toujours connus et parfois adorés, au-delà des célébrations posthumes organisés post-mortem par les gouvernants, mais qui entend parler des administrateurs officiels de la culture du temps passé ou de celui d’aujourd’hui.  Le livre et l’art sont des produits supranationaux. L’intelligence aussi.
 



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