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THEATRE A L’ISMAS ET A L’UNIVERSITE
Un survol rapide
 
 Parler du théâtre à l’université sans évoquer les conditions d’émergence et d’exercice de cet art relèverait selon nous d’une entreprise quelque peu faussée. Certes, le thème de la formation théâtrale revient comme un leitmotiv dans les discours officiels, mais ne touche nullement une université aphone, vivant en autarcie. Des étudiants sont envoyés à l’étranger poursuivre des études d’art dramatique. En 1973, le gouvernement prit l’absurde décision de fermer l’unique école d’art dramatique, ce qui condamna pendant une certaine période le théâtre à vivre dans la marge du professionnalisme. Aucun enseignant de l’université d’Alger où se trouvait cette école, créée en 1964, n’assurait des cours dans cet établissement. Comme si enseigner dans ce type de structures était considéré par les professeurs d’universités de l’école comme dégradant. 
S’occupant exclusivement de la formation de danseurs et de comédiens dont deux promotions sortirent en 1967 et 1968, la section « Art Dramatique » assura la formation d’une trentaine de comédiens. Le contact avec le TNA (Théâtre National Algérien) était régulier. D’ailleurs, tous les élèves ont été recrutés dans les théâtres d’Etat. Après sa réouverture à la fin des années quatre vingt, l’établissement a acquis un caractère universitaire et recrutait ses élèves, comme à l’université, parmi les titulaires du baccalauréat. Son objectif est de former pour les structures théâtrales des techniciens (metteurs en scène, scénographes), des comédiens et des critiques dramatiques. Les enseignants sont pour la grande majorité des techniciens (metteurs en scène, scénographes, chorégraphes ou critiques) et titulaires de diplômes acquis en Russie, dans les autres pays de l’Est ou en Belgique. L’institut revient donc à sa vocation initiale, mais rencontre de sérieuses difficultés (encadrement insuffisant, ambiguïté du statut, insuffisance des moyens financiers et matériels). Le passage au statut universitaire ne permet pas de recruter comme enseignants des artistes. Ce qui limite les relations directes avec le monde artistique.  La transformation en ISMAS risquerait peut-être de marginaliser davantage cet institut marginalisé et condamné à l’aphonie par le ministère de tutelle qui ne s’intéresse nullement à la question de la formation, au sens plein du terme. Le passage à l’ISMAS, entreprise singeant l’INSAS belge, trop peu connue ou reconnue dans le monde, ne dépassant pas le territoire belge, est une décision peu sérieuse. Aujourd’hui, il est temps que les responsables de tutelle reviennent à la raison et accordent une place de choix à cet établissement pouvant se muer en une « grande école » si on lui donnait les moyens pédagogiques et financiers tout en le réorganisant de fond en comble et en recrutant des valeurs sûres, de vrais spécialiste d’Europe, d’Asie  et des Etats Unis qui soutiendraient les enseignants sur place. Le mode de gestion devrait radicalement changer et permettre à des professeurs de renom d’enseigner  et à de vrais gestionnaires de prendre la place, loin des désignations-bidons, non démocratiques et dépourvues d’esprit scientifique opérées par le ministère de la culture. Il faudrait que cet institut passe à un statut universitaire. Les programmes devraient être modifiés en réservant un espace important à la pratique  et « théorique », en relation avec les arts du spectacle. Il existe un département de théâtre, l’unique, dépendant de la faculté de lettres de l’Université d’Oran. Ouvert en 1987 par des enseignants de lettres arabes, ce département fonctionne comme un espace marginal de la faculté de lettres. D’ailleurs, tous les enseignants ont une formation exclusivement littéraire ou sociologique. Ce qui va condamner cette structure à avoir une orientation littéraire et à se fermer aux structures théâtrales extérieures. L’absence de contacts avec le monde artistique réduit la marge de manœuvre de ce département censé former en quatre années des critiques dramatiques dans un pays où la production théâtrale est aléatoire. Les médias pourraient-ils recruter des « critiques » pour couvrir des activités théâtrales trop peu fréquentes? Réponse évidente : NON. Ainsi, de nombreux étudiants choisissent de poursuivre des études de post-graduation ou se convertissent dans la communication et le marketing. Les travaux critiques consacrés à l’art scénique, par manque de documentation et d’outils spécifiques d’analyse, sont souvent sommaires, peu approfondis.
Le département de lettres françaises consacre un module semestriel au théâtre. Trop peu de travaux universitaires ont été réalisés. Le peu de textes dramatiques édités ne peut que rendre la tâche trop difficile pour les chercheurs souvent habitués à des textes figés. La représentation saisie comme mouvement ne peut les intéresser.
Les conservatoires d’art dramatique pourraient peut-être contribuer à la formation de cadres techniques et artistiques.
                                                                   Ahmed CHENIKI
 
 



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