Histoire de journalistes-soldats

       Des soldats d’un nouveau type n’arrêtent pas de tirer sur les arabes. Souvent, ils le font sournoisement. Leurs balles ne tuent pas dans l’immédiat, mais prennent un certain temps. C’est cette image que nous donnent les présentateurs des télévisions et les journalistes de très nombreux médias européens, américains et du Golfe qui n’arrêtent pas de nous assourdir avec leurs discours sur les droits de l’homme et le devoir d’informer alors que dans leur propre pratique, ils sont en train de se coucher comme des rats et de reproduire les discours officiels au détriment de l’information, et de répondre sans barguigner à toutes les directives et les instructions de leurs directeurs qui, eux, reçoivent les ordres, de tel ou tel ministre ou de tel ou tel président obligé, pour des circonstances précises, de ne pas heurter les cercles dirigeants  qui tirent les ficelles et les oreilles à ceux qui oseraient une petite critique. Ainsi fonctionnent les grands média, y compris des journaux comme Le Monde ou Libération ou des télés comme CNN, BBC, France24 ou itélé par exemple, mobilisés pour la circonstance dans la guerre contre la Libye et la Syrie comme de vrais soldats -d’ailleurs, désormais, ils accompagnent ouvertement les militaires-truffant leurs discours de vérités toutes faites, de qualificatifs, de jugements rapide, reproduisant sans vergogne les clichés de leurs responsables. Drôle de logique et de journalisme qui conjugue les mièvres coucheries avec le pain béni.

       Ce type de journalisme qui dissimule la vérité et qui ne fait qu’obéir au plus offrant et qui s’acoquine avec les pires atrocités quand il s’agit d’assurer le ventre pose encore une fois le problème de cette « indépendance » dont on nous parle depuis longtemps. Même nos amis d’ici se trompent de liberté et de cible. La-bas, le jeu est clair : un journal ou une télévision, c’est le garde-à vous. Nous avons déjà connu ce type d’attitudes durant la guerre de libération où déjà des journalistes français fonctionnaient comme des soldats, mais il y avait aussi des hommes libres, des journalistes de talent et de courage. Certes, des plumes libres existent mais n’arrivent pas, censurées, à faire passer leur discours. La pensée unique, espace de l’appareil politique dominant, régit le jeu médiatique. Et en plus, qu’est qu’un Arabe pour ces journalistes du nouveau type qui ne cessent de nous sortir faussement leurs bréviaires, Georges Pullitzer ou Albert Londres, d’authentiques libres penseurs, il faut le souligner,  tout en massacrant, entre autres, les pauvres Arabes et Africains qui ne seraient pour eux, un peu moins que des crapauds, surtout quand des dirigeants arabes, jouisseurs devant l’Eternel, fonctionnant cerveaux bas et en bas, se cabrent dans leurs dollars et leurs pitreries et s’en vont quêter une belle trouvaille. Un sommet arabe pour des Arabes qui ont tiré sur des Arabes jouissant du gibier arabe, jouant le rôle de leurs souteneurs de là-bas,  ce n’est que du pipi de chat.

       Ainsi, va un métier qui n’a jamais respiré la liberté et l’indépendance. On connaît cette histoire de Kennedy qui menaçait de retirer l’agrément à la chaîne de télé CBS si elle le critiquait. On connaît aussi cette histoire du Zaïre où CNN montrait les images favorables à Kabila alors que les TV françaises faisaient le contraire en favorisant la rébellion. Regards opposés de la France et des Etats Unis tout simplement et affaire de richesses énergétiques. A Tripoli, c’est 180 milliards de dollars de réserves à engranger, du pétrole, de l’uranium et un espace géostratégique important, ce n’est pas rien. On connaît le Rwanda, Timisora, l’histoire de cette blogueuse syrienne qui s’est avérée fausse ou de ce tchèque tabassé à mort, toujours vivant. Les journalistes sont souvent de fieffés menteurs qui roulent au ventre et sur le ventre. C’est pourquoi, tous les derniers sondages montrent que les Européens et les Américains ne font nullement confiance à ces médias, trop partiaux et trop disciplinés.