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SOLILOQUES DE KATEB YACINE,

OU LE MEILLEUR PRÉSENT ([1])

Par  Messaoud BELHASSEB

Université 8 Mai 45 de Guelma

« Quand la place du poète est vide, elle est dangereuse »

T.Djaout.

Le présent, particule élémentaire du temps, constitue la question fondamentale de toute expérience humaine du temps. ([2]) Il est question fondamentale, parce qu’il révèle l’être profond de cette expérience. Le présent détermine non seulement le rapport de l’être et du temps, mais aussi, le rapport de l’être et du monde. ([3])  

Comme question fondamentale, révèle aussi, l’originalité de cette expérience humaine du temps (pris comme écoulement de la vie) dont le surgissement de l’être dans sa grandeur et sa fragile sensibilité.

On peut reproduire ici, avec P. Ricoeur, le présent est l’expérience même de l’existence ; le questionnement de l’existence dans son exubérance et sa misérable condition. Le présent ainsi situé est une préoccupation permanente en littérature comme en philosophie. Beaucoup d’auteurs, d’écrivains et de philosophe s’en sont rendu compte pour réfléchir sur le présent. Certains se sont rendu compte de la valeur esthétique et philosophique du présent à la fin de leur vie comme Montaigne et J.J. Rousseau. D’autres s’en sont rendu compte à un certain âge comme Baudelaire, Nerval ou Rimbeau. Mais, il y a ceux qui s’en sont rendu compte, très tôt, à peine débutent-ils dans la vie et en écriture. C’est le cas de Saint-Augustin, Proust, Camus et Kateb Yacine !

Pour Kateb Yacine, la question est poignante lorsqu’on on constate qu’il s’en préoccupé dès son premier recueil de poésie : Soliloques. ([4]) On pourrait même dire que le travail katébien sur le présent est et constant et parcourt toute son œuvre de bout en bout !

Cette hypothèse est crédible, plausible et même pertinente. Elle pourrait assoir un travail de type universitaire.

Ces quelques exemples montrent, à l’évidence, la véracité d’une telle hypothèse :

-      « …Les ruines en filigrane de tous les temps, celles que nous portons en secret sans jamais trouver le lieu ni l’instant qui conviendrait pour les voir : les interminables décombres du présent. »([5])

-      « Les procédés narratifs utilisés dans Nedjma sont parfois déconcertants pour le lecteur européen. (…) Le rythme et la construction du récit, s’ils doivent quelque chose à certaines expériences romanesques occidentales, (…) restent surtout d’une attitude purement arabe de l’HOMME FACE AU TEMPS. La pensée européenne se meut dans une durée LINÉAIRE, la pensée arabe évolue dans une durée CIRCULAIRE où chaque détour est un RETOUR, confondant l’avenir et le passé dans l’éternité de l’instant. Cette confusion des temps, que les observateurs hâtifs imputent au goût de l’équivoque, et où il faut voir d’abord le signe d’un génie de la synthèse, à une orientation si naturelle de la pensée que la grammaire arabe, elle-même, en est marquée ». ([6])  

-      « Le temps a retrouvé son rythme

Sanguinaire

Son galop, sa fureur

Le temps a retrouvé son rythme

Sanguinaire

Il ne sait plus mentir, il galope fourbu

Que d’autres mutilés et d’autres morts

Nous sont transmis

Le temps c’était notre ignorance » ([7])

Par ces quelques indications, toute l’œuvre de Kateb en parsemée ; il faut mener des investigations. Mais, il va falloir saisir l’œuvre dans son commencement : Soliloques vrai acte de naissance de Nedjma.

Que donne à lire concrètement ce texte fondateur de l’œuvre katebienne ?

La lecture attentive de Soliloques montre une écriture qui se construit au présent. Un présent a-temporel, puisqu’il s’arrache au temps comme durée immuable. On peut parler alors d’une entreprise d’écriture à facture temporelle, d’une temporalité sans passé ni avenir.

Il s’agit, à bien des égards, d’un présent qui s’arrache au passé et à l’avenir par une décomposition de la « mémoire » et un anéantissement de « l’espérance ». Cette écriture est de Soliloques se construit par et pour un « présent meilleur » et c’est le poète qui le consigne :

Par les soirs incendiés

Où niassent les génies,

Je suis allé prier

Pour un présent meilleur.

-Voici que s’enorgueille

Mon moi de ruines !... ([8])

On peut se demander, et demander au poète : qui accomplit cette écriture-entreprise ? Qui détruit la mémoire et anéantit l’espérance ? N’est-ce pas ce Moi-Je du poète qui par le génie de la parole poétique s’insurge dès l’incipit du texte défiant toute durée immuable et toute parole séculaire ?

Quoi que dise la vieille espérance

Forçons les portes du doute…

J’ai vu maintes illusions

Passer du vert au rouge… ([9])

Quels propos ! Quel acte lucide et déterminé qui porte et apporte une contradiction comme une cassure nette et franche pour une aventure hors temps, hors durée !

Le Moi-Je du poète émergeant par le voir ne fait pas appel au souvenir et au ressouvenir à la manière rousseauiste ou proustienne mais à l’énergie présente du cœur et de l’âme du poète :

Et s’enfle aux voiles

Des âmes voyageuses

(…)

Car naviguent les cœurs

Au souffle des soupirs. ([10])  

Cette parole du poète est proférée sur un ton incertain mais d’allure prophétique :

Dire que demain

Naîtra peut-être

L’enfant de mon malheur

Et vous mes souvenirs vagabonds,

Montrez-vos gueules

De galériens… ([11])

En effet, dès les premières pages du recueil, le poète s’annonce et annonce sa ferme volonté d’échapper aux pesanteurs du temps comme un acte ironique allant à la sollicitation de la folie.

D’abord la figure ironique. Kateb, lecteur de Baudelaire ([12]), ironise avec la figure baudelairienne du Dandy et sa muse :

Dans mon cœur

Fume un marchand de brochettes. ([13])

(…)

J’ai le temps de rire.

J’ai appelé mon malheur Jules.

… Et se bidonne ma muse fardée.

En me disant des histoires crapuleuses. ([14])

    La figure du Dandy baudelairien, elle-même travestie, est associée à celle de Charlot pour associer le comique au burlesque. Le poète devient alors poète à sa manière inventant le rire qui, seul, apaise l’esprit tourmenté du poète.

Mais, à côté de la figure baudelairienne du Dandy, Kateb, lecteur de Nerval, réclame sa folie :

Debout ma folie

Et mets ton manteau d’hermine

Il fait si froid. ([15])

Si la poésie dans Soliloques s’arrache au temps, elle s’arrache aussi, et en même temps, à d’autres poésies, à d’autres écritures.

En parlant du présent-meilleur des soliloques ! on peut évoquer à juste titre comment le définissaient Baudelaire et Nerval. Le premier l’appelait « le fugace et l’éternel », le second le prenait pour « une descente aux enfers » !

Kateb, à peine devenu un homme, s’aventure en poésie par une poésie de l’aventure : « En route pour la rigolade », écrit-il. Il tient la folie pour une compagne. Par la folie, le poète s’arrache aux pesanteurs de la raison. C’est une poésie qui n’est pas raisonnable, qui ne raisonne pas ; une poésie déraisonnable qui déborde la poésie et la Langue pour devenir un « bricolage linguistique ». Une poésie, une écriture qui abolit la référence. Une poésie faite d’une voix sans attributs psychologiques ou sociologiques.

Pour cette poésie, le jeune Kateb offre ces bras jeunes, prêts à  mourir « tendus vers une mère ». Alors, le poète s’interroge si les poètes sont vraiment indispensables ! Oui ! Car Kateb veut que cette poésie ait une raison au sein même de la folie !

En s’adressant au poète (au lecteur) sur un ton accusateur, notre poète s’exclame sur la nature de la vie :

Vous, les pauvres,

Dites-moi

Si la vie

N’est pas une garce !

Ah ! Dire que

Vous êtes les indispensables !... ([16])

Poète… ! plutôt, « ouvrier de la parole » à la tâche, au combat, au sacrifice, en détresse auxquels d’autres poètes (d’autres lecteurs) lui rendront leurs gloires même posthumes. Le poète nous assimile à ses frères « au front songeur ». Il veut nous mettre dans le confort pour notre gloire posthume de sacrifiés !

A la folie, le poète parle de rêve. Il lui suggère de trouver la raison dans la folie même. Pour le poète il y est déjà mort :

Pour moi, je suis mort

D’une mort terrible :

Mon âme faisant des vers

Quand d’autres vers

Me rongèrent jusqu’aux os. ([17])

En effet, triompher de la durée séculaire nécessite, quand bien même, un rapport réel du Moi-Je au monde. Ce Moi-Je ne se réfère ni au passé ni à l’avenir ; seulement à son état présent. Le poète récupère ainsi la figure du père d’une certaine façon ironique. Mais celle de la mère, elle est gigantesque, elle est grande :

Mon père jouait à la belote

Et cracha son mégot

Quand mon cercueil passa

Seule ma mère

Démolissait une poitrine

Qui avait sa fierté… ([18])

    Kateb dans Soliloques circonscrit son monde qu’on pourrait appeler « vréel ». C’est le monde du présent meilleur. Un monde où il peur défier la folie ; ou il peut, à ses pieds, lui chanter en « arabe » sa soif des cœurs nouveaux :

A tes pieds

Mon amour couché

Te chantera en arabe

La soif des cœurs nouveaux. ([19])

  Le monde du meilleur présent qu’offre le poète à  la folie, sa bien aimée, est-il l’Orient, lieu de la nostalgie éclectique ? Peut-être ! En tout cas le poète le suggère et le lui veut : un harem où la folie, bien aimée, est érigée en « sultane » :

Tu verras, telle une sultane,

Ramper autour de tes hanches

L’essaim des amours muettes,

Et ta main toujours froissera

La soie riche de quelque nouveau jouet.([20])

Erigée en sultane, la folie mènera le poète comme elle a mené Nerval et Baudelaire : en faire un être épouvantable. Est-ce le gage pour boire au « secret d’éternelle passion » ! En fait, la folie est belle même épouvantable et le poète veut dévorer son âme :

Alors, ma toute belle,

Je dévorerai ton âme

De sanglots sans fin ([21])

    Quand le poète perd la gaité, c’est que son cœur est sans souci ; c’est qu’il est seul au monde ; c’est qu’il ne pense pas de « mauvaises chimères » ; c’est surtout quand il constate que « l’espoir est vieux » pour des « cœurs sanglants ». Car seul l’Orient apaisera ses amours inassouvies.

L’Orient où il veut ériger « sa » pyramide car il ressent de l’onde comme Nerval et Baudelaire mais Kateb veut pleurer :

Comment trouver

Le moyen de pleurer

Sans le terrible

Soulagement de l’onde ? ([22])

Pourquoi Kateb, encore jeune, veut-il se pendre à des « arbres de folie » ?! Est-ce parce qu’il voit dans son monde glisser des « images sans nom » ? Ou, parce qu’il a pu boire « aux sources du désespoir » ?

Oui ! On peut le penser ! Car le poète a un cœur et une âme portés par des « spectres de jeunesse » qu’il peut désaltérer aux « zaatars » et aux « yeux d’innocence ». Enfin, le poète est ivre :

Enfin, ivre

D’un vin de pensées mortes

J’ai cuvé ma folie ([23])

Partir ! Abandonner le meilleur présent de son monde !On peut pas faire de la poésie sans tenir les yeux ouverts et « regarder ce qui retient ». Il faut se résoudre avec le poète que l’âme serait alors « caverneuse » et que le cœur serait inutile.

Mais que reste-t-il alors à la poésie ? Les souvenirs ? L’être ?

Des souvenirs

De ces bonheurs perdus

Naîtra pour toi

Un rêve de félicité…

Malgré que cette nuit

Mon moi

Comme un fou vieux et triste

Loup

Hurle à la mort ([24])

Le poète est là accroché au présent, avec ses jeunes bras, sa poitrine forte, sanglante ; enfant avec des habits trop grands, rejoint sa mère, qui meurt pour lui. Le poète est là pour quelques « mortes minutes », comme ces héros qui crient leur désespoir de mourir à l’aurore.

Le poète rêve d’horizons morts déjà parce qu’i voit l’écoulement du temps. La vie du Moi est de sang. Les souvenirs du Moi ne sont que « sang coagulé » ; du sang quand même qui ruisselle dans les rêves du poète où « l’ange assassine ses chimères » et « les futurs incertains ».

Quand le poète se morfond au présent, c’est qu’il n’a pas de passé ni un futur. En dépit, il reste accroché aux grains de l’instant pour le seul plaisir de voir les « cercueils d’espérance » :

Les rubis des sables constellent

Dans l’écrin des cœurs extasiés,

Et parfois, parmi le soleil,

Glisse un rayon de lune…

-Quand sifflera

L’adieu

Des hirondelles

Nous irons boire une tasse de feu

…Car il est un plaisir

De moi seul connu,

Et c’est un peu de vert

Aux cercueils d’espérance ! ([25])    

Inutile espérance (il faut voir ce qu’en ont fait Nerval et Baudelaire) car il y a là un meilleur présent où « tourne la douleur » autour du cœur du poète où « sommeille un fou ».

Le passé et l’avenir s’avèrent inutiles devant ce présent meilleur fait de folie, de déboires et d’épaisseurs aussi. Epaisseur qui se creuse, en effet, pour glorifier un monde où le poète célèbre l’amour capable de faire fleurir l’espoir. Alors le poète peut dire à l’Amour :

J’avais dit à l’Amour d’être plus raisonnable

Et de plier le ciel à ses nuls désirs.

-Dire au mal de casser le Dieu fier des idoles

Pour en faire un empire au seuil des univers…

Malgré ce que le Diable édifie en châteaux,

Je suis parti pour voir les vagues se briser.

  Par les soirs incendiés

Où naissent les génies.

Je suis allé prier

Pour un présent meilleur

-Voici que s’enorgueille

Mon moi de ces ruines.([26])

Oui ! Le poète peut prier pour un présent meilleur où le Moi s’enorgueille de ses ruines ; où dans le cœur vibre la vie et l’âme chante pour le repos de « ceux qui viennent sans cœur »…

Oui ! Le présent meilleur de Soliloques en anéantissant le passé et l’avenir, crée une épaisseur, crée le poème ; le poète comme « monstre nouveau-né » se voit capable de créer le temps, au autre temps où il ira boire à la santé sa bien aimée auquel il veut dire :

Dis-moi ce que tu vis

Au ciel de mes chimères,

Quand ton regard brilla

Pour des mondes sans astres

Alors, je foulerai

Tes lèvres de baisers

Quoique chantent les coqs aux matins qui s’élancent,

Je dirai à la nuit de nous fermer les yeux ([27])   

L’épaisseur ainsi crée peut engloutir le monde et d’autres mondes à même de faire le ciel et remplir l’être vide de cris et de pureté. Et voici le poète se métamorphoser en loup parmi ses frères loups auxquels il s’adresse :

Des carnages futurs,

Je vous prédits ce soir

Une ardente curée.

…Et nous irons ensuite

A la chasse des dieux ([28])

Et au sort de ses frères loups, le poète s’interroge :

Que direz-vous, les belles aux regards complices,

Lorsque la mort viendra frapper à votre porte ?...

 

Ce ne sera plus l’heure où, quand chantent les chalets,

(…)

Allons, voici l’instant choisi des ombres noires ([29])

Enfin, c’est Hourria qui délivrera le poète :

Enfin, quand Hourria viendra sous les palmiers,

J’écouterai les Luths se lacérer le cœur ([30])

A ce moment là, seulement, le poète peut récolter le « blé de son âme ».

Le poète-Loup peut-il dire aussi à l’endroit de Baudelaire :

Buadelaire eût voulu,

Divin Léthé, te boire

Sans risque de briser

Ses dents sur une étoile ([31])

Et rappeler encore à Baudelaire :

O nuit ! C’est sur ton sein

Que les loups, les chiens mornes,

Enveloppent leurs cris

Dans ton voile azuré,

Font chaque jour trembler

La mort au bord du ciel ! ([32])

Ainsi vint l’instant des mêlées furieuses :

C’est l’instant de mon malheur

L’heure

Où Décembre, en sa pâleur :

Le poète peut enfin dire :

Bonjour mes horizons lourds,[33]

Et nous dirons, enfin avec lui, bonjour Nedjma !

BELHASSEB MESSAOUD

Université 8 mai 45 de Guelma.



[1]- Communication présentée au 1er colloque international, Kateb Yacine, vie et œuvre, tenu à Guelma le 28 et 29 octobre 2009 à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. Elle a fait l’objet aussi de communication à la journée Kateb Yacine organisée par la maison de la culture de Tizi-Ouzou, le 27 Décembre 2009.

[2]- Georges Poulet, Le temps humain, Paris, Gallimard, 1949, particulièrement l’Introduction. J.P.Laffite, Expériences du présent, Coll. Vuibert, Paris, 1998.

[3]- Voir aussi Paul Ricoeur, Temps et récit, TI, II et III, Paris, Seuil, 1984, 1985, 1986.

[4] - Ce recueil a été publié pour la première fois à Bône par Le Réveil Bônois en 1947. Nous parlerons chaque fois de l’édition BOUCHENE, 1989, avec la Préface de l’auteur. Ce texte a souvent resté secondaire dans la réception de l’œuvre katebienne et n’a jamais fait l’objet d’une étude universitaire en Algérie !

[5] - Kateb Yacine, Nedjma, Seuil, Paris, 1956, p.174.

[6] - Nedjma, Avertissement, p.6.

[7] - Kateb Yacine, Le bourgeois sans culotte, in Boucherie de l’espérance, Seuil, Paris, 1999.

[8] - Kateb Yacine, Soliloques, BOUCHENE, Alger, 1989, p.43.

[9] - Ibid., p. 17.

[10] - Ibid.

[11] - Ibid.

[12] - Voir les indications du poète contenues dans la Préface de l’édition de 1989.

[13] -Ibid., p.19.

[14] -Ibid., p.18.

[15] - Ibid.

[16] -Ibid., p.23.

[17] -Ibid., pp.24.25.

[18] -Ibid., p.26.

[19] -Ibid., p.27.

[20] -Ibid.

[21] -Ibid.

[22] - Ibid., p. 30.

[23] - Ibid., p.32.

[24] -Ibid., p.33.

[25] -Ibid., .p35.

[26] - Ibid., p.43.

[27] - Ibid., p.47/48.

[28] - Ibid., p.49.

[29] - Ibid., p.50.

[30] - Ibid.

[31] -Ibid.

[33] -Ibid., p.54.


 
 



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