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Diagnostic  ou  état des lieux des théâtres publics

Par Djamel Marir, comédien, metteur en scène, ancien directeur du théâtre régional de Annaba (TNA)

 Ce n’est pas une intervention au sens classique mais quelques éléments de réflexion qui, j’espère, susciteront  un débat autour d’une réalité que nous continuons toujours de vivre en espérant des jours meilleurs pour notre théâtre. Aujourd’hui, faire un diagnostic ou un état des lieux, c’est encore une fois ouvrir les plaies de la désillusion en ressassant les problèmes dans lesquels le théâtre n’a pas fini de s’enliser. Que de fois avons-nous tiré la sonnette d’alarme. Que d’initiatives avons-nous engagé pour amener les autorités de tutelle à définir une stratégie globale de l’activité théâtrale.

    Malheureusement, aucune d’elles n’a débouché. Est-ce de notre faute ? N’avons-nous pas assez travaillé ? Y-a t-il pas eu assez de sacrifices ? Voudrait-on nous voir transformer en pleureuses ? Ou bien encore comme l’a démontré notre ami, le docteur Ahmed Chéniki dans une de ces interventions intitulée « le théâtre et la cité » à l’occasion du printemps théâtral qui s’est déroulé a Alger en 1999 que l’Etat joue mal son rôle en accordant peu d’intérêt à la culture. Es une mauvaise compréhension de l’économie de marché ?...  Où est le théâtre, où est le cinéma, où est la peinture, où sont les librairies dans cette cité où n’importe qui s’improvise n’importe quoi, se pose la question Ahmed Chéniki ?

    Depuis, à l’exception de la réfection de certains Théâtres ; rien n’a changé. Les théâtres continuent de se vider de leur substance. Des artistes, des monuments du théâtre ont disparu, certains assassinés, d’autres emportés par la maladie, ou mis prématurément à la retraite, ou ayant emprunté le chemin de l’exil. Ils sont partis en laissant un grand vide que nous n’avons pas pu combler non pas, par manque de volonté, mais parce qu’ils sont irremplaçables. Par qui pourrait-on remplacer Alloula, Bouguermouh,  Rouiched, Kateb, Azzedine, Allel, Benaissa, Fellag, Kaki, et bien d’autres encore.

    Sur le plan de la gestion et de l’organisation de l’outil de production, rien n’a évolué. Bien au contraire, les théâtres croulent toujours sous le poids grandissant des dettes qui handicapent grandement leur développement. L’absence de structures de concertation, (commission artistique et autre) font que des conflits éclatent ça et là. Les théâtres deviennent de plus en plus stériles et ils n’enfantent que des mort-nés. Après quelques représentations, le produit est enterré malgré la subvention du fonds d’aide à la création. Il faut souligner que cette subvention est allouée sans cahier décharge qui fait qu’une partie  est très souvent détournée vers d’autres dépenses de gestion administrative ou autres, au détriment de la production.  Cela prouve 0 quel point les théâtres sont livrés à eux-mêmes  sans aucun contrôle de la tutelle.

    Quant aux textes de gestion à savoir grille des salaires, organigramme etc., les théâtres sont toujours régis par feu « SGT ». Textes qui n’ont jamais pris en considération le talent ou la valeur de l’artiste. Les statuts de l’entreprise sont complètement dépassés. En l’absence de convention collective ou d’autres textes règlementaires et législatifs, l’organisation du travail se fait en fonction des humeurs et des mentalités. Ce sont toujours les rapports de force qui finissent par l’emporter. Cet état d’esprit, encouragé par la politique de la division a fini par favoriser le clanisme et la médiocrité

    Je fais mienne l’analyse de Chéniki  qui dit : « Le théâtre en Algérie et avec lui les conditions de vie et même la valeur de nos metteurs en scène, comédiennes et comédiens, se sont dégradés à un point tel que beaucoup d’entre eux ont les même rêves de s’exiler que les hittistes de Bab-El-Oued et d’ailleurs. Et si le Directeur de la culture, c’est-à-dire le plus haut responsable de ce secteur au niveau de la wilaya, demande à un metteur en scène de faire durer sa pièce de trente minutes supplémentaires pour occuper les jeunes spectateurs, c’est qu’il n’y a vraiment rien à tirer d enombreux cadres de l’Etat supposés être cultivés pour pouvoir prétendre à promouvoir et défendre la culture. »

    Aujourd’hui la bureaucratie prend le pas sur la création et la diffusion. Le théâtre est devenu beaucoup plus une machine administrative. Il est dans l’incapacité de planifier ou d’assurer une activité théâtrale régulière. Nous vivons dans l’attente d’une éventuelle production ou d’une hypothétique diffusion. Aucune planification, aucune stratégie, aucun programme. Ce qui me désole encore, c’est qu’au sein des entreprises théâtrales aujourd’hui, il n’y a plus de débat constructif autour de l’art théâtral.

 

-         Les pratiquants sont épuisés, fatigués et découragés. Certes une lueur d’espoir brille à l’horizon.

-          La création du théâtre régional de Tizi Ouzou,

-          la revalorisation des subventions des théâtres.

-          L’institutionnalisation du festival du théâtre professionnel.

-          Un projet de statut des théâtres serait à l’étude au niveau du ministère. Mais si tel est le cas, la contribution des hommes de théâtre serait souhaitable et même nécessaire.

 

Que devient le théâtre indépendant ? Est-il toujours au stade de l’initiative ? Qu’a-ton fait pour l’aider ? Des troupes indépendantes naissent ça et là, et disparaissent dans l’anonymat. L’un des animateurs d’une structure dite indépendante m’a dit un jour « Si le théâtre était un homme, je jure que je l’aurais tué », ce qui donne à réfléchir.

    Pour la mémoire et la continuité, je me permets de vous lire les recommandations du 6e festival du théâtre professionnel qui s’est tenue a Oran du 24juin au 1er juillet 1996. Recommandations qui s’articulent autour de quelques axes essentiels pour le devenir de notre théâtre. Lire ces recommandations, c’est créer un lien entre le 6e et 7e festival. Nous avons besoin de faire le point sur ce qui a été fait… et sur ce qui reste à faire.

 

 

 

                                                                          

 


 
 



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