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Jeux et enjeux du  théâtre municipal en Algérie

 Par Tayeb Menad, Maître de conférences, Université de Mostaganem

 Notre travail tentera de mettre en exergue le thème de l’organisation  du monde du 4ème  art  en Algérie. Car la situation du théâtre en Algérie n’est guère rassurante, ni reluisante. Le monde culturel vit une situation d’étouffement au moment où  on devrait libérer les capacités et les talents et d’encourager l’activité créatrice dans le domaine culturel et artistique.

Cela peut paraître pour certains une situation naturelle puisque le pays a vécu une période difficile qui a bloqué d’une manière très considérable le domaine culturel et artistique. Elle a paralysé  notamment  l’activité théâtrale. De plus, le climat de l’époque n’aidait pas à la prise en charge des intellectuels et créateurs qui travaillaient dans le silence et l’obscurité en rêvant à des lendemains meilleurs où une main leur sera tendue avec tout le soutien moral et matériel. Ce genre d’aides est normal puisque le politicien savoure les richesses, alors pourquoi pas le créateur ? Je citerai quelques raisons et je vous laisserai deviner le reste.

En réalité, la plupart des artistes ont perdu le goût de la création et le sens esthétique, et ceux qui y croient encore sont plus proches des politiciens que des artistes ; ce qui a aggravé davantage la situation. Beaucoup d’entres eux ont choisi d’être un conseiller ou un élu  en laissant la liberté aux commerçants de se faire du chemin dans les activités touristiques officielles. Cela pourrait être légitime dans une société qui prend le politicien (l’élu parlementaire) comme modèle. Ainsi, comment l’homme du théâtre pourrait s’affirmer dans un environnement qui ne reconnaît pas la valeur de l’art, la connaissance et la culture. Une société qui a pour abri les postes-clés et les responsabilités.

    Je ne vais pas m’étaler, je vais juste  éclaircir la vision  afin de  trouver  la formule de la bonne équation qui va promouvoir  le mouvement culturel pour ne pas dire le  redynamiser et le réactiver pour réagir sur ce qui se passe autour de nous que cela soi au niveau régional ou continental. Enfin, nos villes redeviendront  stables comme avant puisqu’elles sont désormais de petits villages avec pour seule activité le marché hebdomadaire.

    Plusieurs tentatives ont été réalisées afin de casser le mur de la passivité et  pour ne pas dire une mort « lente » qu’a vécue et que vivent encore nos villes, avec les quelques retours occasionnels au folklore local, les célébrations  des fêtes nationales ou les visites des personnalités. Cependant, ces tentatives n’ont pas pu aboutir à un résultat  satisfaisant à cause des conditions sociopolitiques du pays.

    Nous pensons que le développement du paysage culturel passe automatiquement par la revalorisation des efforts qui essayent de réveiller la scène culturelle nationale de son hibernation. Cela se concrétisera si on crée le climat adéquat et on fait bâtir des bases solides pour l’action théâtrale qui veillera à la continuité de l’activité artistique et culturelle.

Le projet proposé demande un plan d’action car il nécessite la création d’un théâtre communal :

   Nous pensons que la solution idéale qui contribuera à la dynamisation  l’action théâtrale en Algérie serait l’exploitation de l’expérience du théâtre amateur, car on peut suivre les méthodes organisationnelles utilisées dans les 70 par les troupes du théâtre amateur qui activait sous la houlette de l’Union Nationale de la Jeunesse Algérienne. Cela permettra de bénéficier des subventions qui aideraient à la réalisation du projet final (le spectacle). Ces aides seront  aussi bénéfiques pour pouvoir participer  aux festivals régionaux et nationaux.

Notons que la situation actuelle mérite toute l’attention des officiels et l’idéal serait de créer une convention entre le Ministère de l’Intérieur et le Ministère de la Culture pour  la mise en œuvre officielle de la structuration  artistique et administrative su théâtre communal.

Nous avons  réalisé une petite expérience au niveau de la ville de Saida ( l’Ouest de l’Algérie). En effet,  ce sont deux troupes de théâtre amateur, l’une s’appelle ‘Prolet –Cult’ et l’autre ‘Agostino-Neto’ qui ont présenté le projet du théâtre communal  au deux présidents  de l’APC et l’APW. Le projet a été étudié et  finalement adopté.

    Voici le texte qui fait état du projet et définit les grandes lignes du règlement intérieur :

Après les délibérations du conseil  exécutif communal datées……Numéro et à l’ordre de…..daté de…..Emanant du président de l’APC qui consiste en l création d’une entreprise de théâtre communal, ensuite  a été formulé le règlement intérieur du théâtre communal de Saida :

Article n°1 : Le théâtre aura pour lieu la salle de cinéma « EL Feth »

Article n°2 : Le théâtre sera dirigé par un directeur désigné

 Article n°3 : Le théâtre sera dirigé par un Comité Artistique qui constitue le département artistique

Article n°4 : Le siège du Comité Artistique est le théâtre communal

Article n°5 : Le Comité sera chargé de la production, la programmation et la distribution de activité pour créer une sorte de pôle culturel pour la commune.

Article n°6 : le Comité artistique contribue avec l’administration du théâtre à mettre en place un programme de gestion et d’action pour l’établissement.

Article n°7 : la salle peut servir aux réunions des associations ou les autorités dans des conditions précise afin de protéger les biens de l’état. 

Article n°8 : le directeur aura pour mission la coordination avec l’APC

Article n°9 : Les entrées d’argent du théâtre seront lui seront  exclusivement attribuées.

Article n°10 : Toutes les conventions concernant l’utilisation de la salle par des tiers doivent être approuvées par le président de l’APC.

Article n°11 : Le comité artistique du théâtre communal ajoute d’autres articles si la condition le nécessite.

Article n°12 : Ce texte sera mis  à exécution  s’il est approuvé par le P/ APC.

Dans ce modèle d’action, nous essayons de réaliser un projet  ambitieux fondé sur une action théâtrale organisée et loin de toute improvisation avec des moyens dont disposent toutes les municipalités. Le budget sera discuté lors des assemblés et sera versé par la caisse des activités culturelles.

   Quand on parle de la situation dramatique que vit le théâtre  en Algérie, on pose toujours les mêmes  problématiques ;  le spectacle et les éléments le constituant comme le texte, le jeu des acteurs et la mise en scène. On a tendance à ignorer  le cadre administratif et structurel qui n’est pas tout à fait clair dans notre pays. On a adopté quelques initiatives comme le mouvement des coopératives comme celles du 1er mai du feu Abdelkader Alloula, Masrah El Qalaâ et bien d’autres qui n’ont pas atteint l’objectif souhaité. La relation entre ces établissements culturels officiels  et le Ministère n’a jamais été claire. Ce qui a laissé libre cours à l’aventurisme et aux initiatives trop volontaristes et individuelles. On a considéré le produit artistique comme n’importe quelle marchandise sur le marché. Cela a encouragé n’importe qui à créer sa compagnie, les choses se sont mélangées et nous ne savons plus  désormais qui est l’amateur et qui est le professionnel.

     Le théâtre a été toujours lié au public mais il a été encadré par des intellectuels puisque c’est un élément fondamental des civilisations, c’est le produit d’une révolution qui n’a pas de frontières. Il est inimaginable qu’un pays comme l’Algérie qui construit des stades, des magasins, des hôpitaux et des millions d’habitations ne sait pas comment construire un théâtre comme ceux laissés la colonisation.

     L’action théâtrale rime désormais avec les villes côtières comme Alger, Oran ou Annaba. Le public doit se déplacer pour assister à un spectacle. Donc,  nous avons élaboré le  projet du « théâtre communal ». En imaginant  par exemple, la création de 48  théâtres, uniquement dans les communes principales des wilayas. On aura  par la suite, 48 troupes actives toute l’année, capables de participer à des festivals locaux, régionaux et nationaux. Soutenus par les APC, ces théâtres engendreront une activité régulière notamment avec les écoles des communes. Ainsi, pourra-t-on peut-être contribuer à la mise en place d’un public permanent ?

Nous pensons que le public redonnera confiance à l’art et à la création si l’action théâtrale saura s’affirmer en étant stable et régulière.

Les raisons de la création d’un théâtre communal sont les suivantes :

1-Dynamiser l’action théâtrale en lui apportant un cachet social et économique

 2- Créer et structurer des troupes stables

3- Créer des entreprises capables d’employer des diplômés en Arts dramatique.

4-Faire participer les autorités locales dans la gestion administrative et la mise en place des programmes culturels.

    L’ouverture des espaces permettrait la diffusion d’un grand nombre de spectacles au niveau de toutes les communes du pays, l’organisation de festivals périodiques et la généralisation de l’activité théâtrale et une meilleure prise en charge du théâtre de l’enfant. Ainsi, est-il possible d’attirer les amateurs pour mieux les structurer

 En réalité, des raisons diverses  nous incitent à réfléchir à d’autres projets comme la création revue spécialisée et critique des productions théâtrales. Grâce à cela nous pourrions développer le 4ème  art d’une manière esthétique et spirituelle.

 

 

 

 

 

 

 


 
 



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