Google
Recherche WWW Recherche sur Votre site
Feed 

Le retour de l’illusion scientiste

Le discours dominant des années 70-80 qui favorisait les « sciences et les techniques » au détriment des lettres et des sciences humaines refait surface, même s’il a provoqué énormément de dégâts dans les pays, notamment l’Algérie, qui ont choisi cette option. Comme si le monde du savoir ne fonctionnait exclusivement que sur des oppositions et qu’il était uniquement investi de neutralité. Opinion naïve qui exclut cette forte complémentarité entre deux entités qui ne pouvaient se détacher ou s’opposer. C’est vrai que dans notre pays, la culture du conflit est trop ancrée, pour ne pas toucher la connaissance et la recherche. Le technicien et le scientifique, si on pouvait les séparer, ont besoin d’une nourriture spirituelle et culturelle, sinon, il serait plus rentable de faire appel à des robots qui régiraient le monde. Et tout est fini. Il faudrait savoir qu’un pays comme les Etats Unis qui encouragent sérieusement la recherche ne font pas cette distinction, trop peu opératoire, mais permettent à tous les chercheurs, « sciences humaines » et « sciences exactes », de faire leur job en leur donnant les moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Ce qui n’est pas du tout le cas en Algérie où la recherche, dans tous les secteurs, fonctionne comme un espace trop accessoire. Le problème est de savoir que veut réellement le pouvoir d’Etat pour la recherche et l’enseignement supérieur. Ce secteur qui a besoin d’un budget conséquent devrait, au moins dans l’immédiat, réussir à juguler le départ de nombreux enseignants de rang magistral, essentiellement vers les pays du Golfe. Est-il normal que  lors de chaque rentrée universitaire, chaque université se voit privée de nombreux professeurs et maîtres de conférences? La question essentielle est tout simplement de penser un enseignement supérieur de qualité, mettant à la disposition des enseignants et des étudiants de bonnes conditions de travail. Beaucoup d’universités n’ont pas Internet, de nombreux professeurs ne disposent même pas d’un bureau, des étudiants sans moyens pédagogiques (photocopieuses et matériel de reproduction, documents polycopiés). Cette option exclusive favorisant les sciences dites exactes, défendue dans les années 70-80 a engendré de graves distorsions dans la société, formant des techniciens obtus, sans esprit critique, trop perméables, provoquant en partie les graves crises vécues ces deux dernières décennies. Ce serait une belle chose de penser l’homme dans sa complexité, technique et pensée fusionnant dans une certaine osmose. Ainsi, peut-être renouera t-on avec Ibn Rochd, Ibn Khaldoun et bien d’autres penseurs qui ont accordé un intérêt à cet homme pluridimensionnel dont on ne peut lézarder sa dimension humaine. Le ministère de l’enseignement supérieur devrait fonctionner comme une entité de souveraineté avec de gros moyens financiers lui permettant de mieux gérer la réalité de l’université et de l’élite universitaire qui devrait bénéficier de salaires à la mesure de leur vocation.

                                                         Ahmed CHENIKI

 


 



Créer un site
Créer un site